Review: Forever « Pilot »

Forever (c) ABC Studios

Forever (c) ABC Studios

Créée par Matthew Miller (Chuck, 666 Park Avenue…), Forever est une série de science-fiction mettant en scène un médecin légiste absolument brillant qui est immortel et ne peut donc pas mourir. La diffusion de la série a débutée le 22 septembre sur ABC et 4 épisodes ont été diffusés, réunissant 8.59 millions de téléspectateurs devant son pilote.

ABC, c’est la chaîne qui a souvent de bonnes idées de départ mais qui finit par laisser ses séries partir en sucette à force de vouloir faire toujours plus de fan service pour maintenir une audience captive et attirer de nouveaux téléspectateurs. C’est le cas – notamment – des deux séries Once Upon a Time et Revenge, qui proposaient quelque chose d’intéressant au départ et qui sont en train de sombrer progressivement dans un n’importe quoi visiblement assumé tant que les audiences restent satisfaisantes. On pourrait également citer la très brouillonne Agents of SHIELD, ou la beaucoup trop longue Grey’s Anatomy, à la fin définitive de laquelle beaucoup laisseront échapper un soupir de soulagement… Forever ne fait pas exception à ce qui semble être le mot d’ordre des séries ABC.

Le Dr Henry Morgan, un médecin légiste discret mais brillant, étudie la mort pour une raison bien précise : il est immortel. Depuis deux siècles, il parcourt le monde et cherche un remède à sa condition qu’il considère comme une malédiction, aidé par un son meilleur ami, un vieux chauffeur de taxi roublard. Après un accident de métro au cours duquel il a (encore) perdu la vie, il fait la rencontre de la détective Jo Martinez, une veuve au caractère bien trempé avec qui, il ne va pas tarder à faire équipe pour résoudre d’épineuses affaires criminelles…

[ Allociné ]

La série nous amène à suivre le Docteur Henry Morgan (Ioan Gruffudd), un homme qui a vécu plus de 200 ans. Installé à New York, il est devenu médecin légiste et espère ainsi parvenir à rompre la « malédiction » qui lui confère une immortalité dont il aimerait bien se débarrasser. Et comme un immortel a beaucoup de temps à tuer, il aide occasionnellement la police à résoudre des crimes.

New Amsterdam feat. Sherlock feat. Castle feat. ...

Il y a dans Forever quelque chose de particulièrement dérangeant – en dehors du fait que Ioan Gruffud soit sous-exploité. Oui, c’est précisément cette impression de perpétuel clin d’oeil / emprunt / pompage (appelez-ça comme vous voudrez) de séries qui ont plutôt bien fonctionné JUSTEMENT parce qu’elles étaient originales. La liste est longue et clairement ça pompe un peu partout dans l’espoir de proposer quelque chose de vraiment prenant, de rythmé et de percutant. Pour faire synthétique: le pilote n’était pas mauvaise, mais j’ai sans doute passé plus de temps à me concentrer sur la liste des points communs que les scénaristes en ont passé à développer les personnages…

Henry Morgan ressent en permanence le besoin de se lancer dans des déductions qui ne reposent sur rien de franchement tangible mais qui s’avèrent toujours exactes. Un peu comme s’il devait ressembler à ce Sherlock Holmes de pacotille développé par la chaîne CBS dans Elementary, ou – plus probablement – au personnage du même nom dans l’excellente Sherlock produite par la BBC et bien plus fidèle au personnage d’Arthur Conan Doyle. La mode doit être aux personnages super intelligents mais aux capacités reposant sur du vent. Forever m’avait déjà perdue dès la troisième minute…

Parlons ensuite d’immortalité. Plusieurs séries nous ont proposé de suivre les aventures de héros immortels (Highlander, New Amsterdam, pour ne citer que ces deux-là). Forever « innove » en nous proposant un héros immortel devenu un légiste brillant parce qu’il a lui-même déjà expérimenté toutes les manières de mourir. On peut ensuite parler du personnage du confident, un certain Abe (Judd Hirsch) et de la relation qu’il entretient avec Henry, qui rappelle assez bizarrement la relation qu’entretenait le personnage incarné par Nicolaj Coster-Waldlau avec le gérant d’un club de jazz dans New Amsterdam (je reste vague pour éviter de trop spoiler). Ajoutez à ça cette manie de créer une équipe mixe et d’inévitablement semer des indices laissant entendre que les deux partenaires indépendants et pas du tout intéressés l’un par l’autre finiront ensemble (Castle, NCIS… et beaucoup – trop – d’autres séries), et on se retrouve avec un superbe patchwork brodé de fils d’or et regroupant à peu près tous les poncifs les plus pénibles que l’on puisse rencontrer dans les séries télévisées.

Et malgré tous ces traits de caractère remarquables lorsque attribués avec précaution à d’autres héros, Henry Morgan est d’une banalité assez effrayante. Le reste des personnages est composé d’archétypes usés jusqu’à la corde, sans âme, et n’apportent clairement rien à l’intrigue ou à la série en elle-même alors que la distribution était quand même d’assez bonne facture.

Un tandem bancal

Rapidement, on nous présente l’autre moitié de la future équipe chargée de résoudre des crimes, l’inspecteur Jo Martinez (Alana De La Garza), qui brille plus par son inutilité que par son intelligence ou son professionnalisme. On ne parlera donc que très brièvement du fait que Henry résolve les enquêtes généralement tout seul, ou qu’elle décide d’accorder sa confiance au principal suspect d’une affaire de déraillement de métro en moins de 2 minutes (véridique !): le personnage a surtout l’air d’être là avant tout pour une raison de quota de personnage féminin à l’écran, mais aussi et surtout pour que tout le monde puisse se demander dans combien de temps son personnage tombera amoureux de Henry – ou inversement. Le résultat à l’écran n’est pas mauvais, la série peut se regarder pour tuer le temps ou ne pas trop réfléchir pendant 44 minutes… mais honnêtement, il y a des séries beaucoup plus intéressantes à découvrir.

Et peut-être que côté téléspectateurs, on s’est rendu compte assez rapidement qu’il y avait tromperie sur la marchandise, comme en témoignent les audiences qui ne cessent de dégringoler: il n’aura fallu que quatre épisodes pour passer des très encourageants 8.59 millions de téléspectateurs à un nettement moins bon 5.35 millions, avec un violent -2 millions entre le pilote et l’épisode 2 (diffusé le lendemain).

Rating: ★☆☆☆☆
Avis: Ni ennuyeuse ni brillante, Forever est à l’image de toutes ces séries créées un peu à la va-vite pour combler les trous des grilles de programmes et dans lesquelles on ne s’applique ni à l’écriture d’une histoire décente, ni au développement des personnages. Le tout est un peu dévalorisé par une impression de pompage à droite et à gauche sur des séries qui ont plutôt bien marché, et qui donnent à la série l’air d’être un monstre de Frankenstein composé de morceaux venant de partout jamais clairement identifiés. A voir si vraiment vous n’avez rien de mieux sous la main, mais sans plus…

Diplômée en Marketing / Communication et en Médiation culturelle, elle est Editrice Web et Geek à temps plein pour Britishg3eks comme dans la vie réelle. Rompue à l’exercice du reviewing et de la traduction dans le domaine du sports entertainment, passionnée de jeu de rôle et de street art, mauvaise guitariste et longboardeuse débutante, elle parcourt l'Europe et arpente villes et festivals un appareil photo à la main.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *