Review: the Pretender (1996 – 2000)

The Pretender (c) NBC

The Pretender (c) NBC
– diffusée entre 1996 et 2000 & à partir de 1997 en France –

Notre mois thématique « spécial vieilles séries » se poursuit avec la série the Pretender (le Caméléon, pour la version française), une série de science-fiction co-créée par Steven Long Mitchell (Alien Nation, NCIS, Tin Man…) et Craig W. Van Sickle (Cobra, Pacific Blue…) centrée sur le personnage de Jarod, un jeune homme surdoué capable d’assumer n’importe quelle identité.

La série se compose de 4 saisons et a été diffusée entre septembre 1996 et octobre 2000 sur NBC. Après l’annulation de la série et le rachat des droits par TNT, deux téléfilms de 90 minutes ont été réalisés et diffusés afin de clôturer une histoire commencée 86 épisodes plus tôt. En France, la série a été diffusée dans la Trilogie du Samedi sur M6 à partir d’avril 1997.

Plus jeune j’étais déjà une boulimique de séries, et l’arrivée de la télévision par satellite m’a abreuvée de tout et de n’importe quoi. Rapidement, j’ai pu distinguer ce que j’avais vraiment envie de voir de ce qui me plaisait le temps d’un épisode et dont je pouvais aisément me passer. The Pretender, typiquement, c’est le genre de série qui m’a prise à la gorge et qui ne m’a pas lâchée jusqu’à la fin.

Diffusée en première partie de soirée le samedi soir au compte goutte à coups d’un épisode – deux, pour les soirs fastes. Ce que la Trilogie du Samedi a réussi avec son panachage de séries, c’est à nous apprendre à consommer les séries autrement qu’en s’enfilant trois à quatre épisodes à la suite… ce qui était et est encore le cas actuellement, avec des soirées entières consacrées à une série. Avec un épisode par semaine de trois séries différentes, il était possible de prendre le temps d’apprécier une série et d’en découvrir potentiellement deux autres qu’on n’aurait peut-être pas choisi de regarder au départ. Côté diffuseurs, c’était surtout l’assurance d’excellentes audiences dès lors que la série diffusée dès 20h50 accrochait une grosse partie des téléspectateurs.

Malgré un sujet pas franchement joyeux, the Pretender est une série tout public, regardable aussi bien par des adultes que par des ados seuls devant leur écran de télévision. En prime time, c’était un choix tout simplement excellent pour cette raison, et aussi parce qu’à cette époque, cette série était l’une des seules à se poser sur ce créneau du « génie souhaitant racheter ses erreurs » sur fond de conspiration et d’eugénisme. Un vrai coup de maître à la fois pour NBC et pour M6, le diffuseur français de la série.

Ca parle de quoi ?

Utilisé par le Centre depuis son plus jeune âge pour des simulations qui ont coûté la vie à de nombreuses personnes, Jarod s’échappe. Pendant que Sydney et Mlle Parker sont à ses trousses, il tente par tous les moyens de retrouver sa famille. Il en profite aussi pour utiliser ses dons de « caméléon humain » afin de réparer quelques injustices.

[ Allociné ]

La série tourne autour du personnage de Jarod (Michael T. Weiss), un jeune homme de 33 ans doté d’un esprit extraordinaire, mais à propos duquel on ne sait pas grand-chose. On nous le présente d’emblée comme étant un génie traqué par une puissante organisation – le Centre – qui souhaite le récupérer. Et de fil en aiguille, toute l’approche de l’univers de la série passe par la découverte du passé de Jarod, à travers des enregistrements de surveillance et d’archives qu’il visionne régulièrement. Jarod n’est pas n’importe qui, et les journées des 33 premières années de sa vie se résumaient à un enchaînement de simulations l’amenant à se glisser dans la peau de certaines personnes pour résoudre un problème donné. A première vue, rien de suspect. Sauf qu’en regardant bien… Jarod a été enlevé à sa famille, a grandi en captivité, et les simulations qu’il réalisait pour le Centre ont presque toutes été utilisées pour commettre des attentats, des assassinats ou provoquer des catastrophes…

Pendant toute la série, Jarod cherchera à réparer le mal qu’il a indirectement causé, à aider des innocents, et à faire condamner ceux qui d’une manière ou d’une autre oppressent des innocents. Pour y parvenir, il met en permanence en application tout ce qu’il a appris au Centre et se glisse ainsi dans la peau d’un avocat, d’un biochimiste, d’un médecin… chaque semaine, c’est un personnage différent que l’on suit. Si la personnalité de Jarod reste à peu près constante malgré ces changements réguliers d’identité, le voir endosser aussi facilement un rôle prédéfini a quelque chose d’assez perturbant au départ, au point même de se demander si finalement, la série va tenir la route au-delà des premiers épisodes. Mais ça fonctionne. Et ça fonctionne même plus que bien, parce qu’il ne se passe pas un seul épisode sans que soit évoquée ou mise en scène cette quête d’identité de Jarod et la recherche des membres de sa famille. Ça fonctionne même encore mieux que tout ce qu’on peut imaginer lorsque Jarod perd pied dans quelques épisodes et est incapable de déterminer quelle est sa vraie identité parmi toutes celles endossées jusque-là. Le cheminement est véritablement intéressant au-delà de l’aspect « jeu de rôle » qui semble mis en avant au premier abord. À y réfléchir, je crois que c’est ce qui m’a le plus tenue en haleine devant the Pretender. Et au final, ce n’est pas tant l’identité véritable de Jarod ou la localisation de sa famille, mais bien la manière dont le personnage cherche à se construire en permanence.

Une histoire à rebondissements

D’une série qui aurait pu fonctionner avec des épisodes en stand alone / fonctionnant seuls et sans continuité, Van Sickle et Long Mitchell ont fait de the Pretender une série avec des épisodes qui fonctionnent effectivement très bien seuls et sans continuité, mais avec cette quête du passé de Jarod en trame de fond. C’est ce mélange subtilement dosé qui fait que la série fonctionne si bien.

Le suspense et les retournements de situation sont nombreux, mais toujours bien dosés et amenés. De la même manière, il ne se passe pas un épisode sans que de nouveaux éléments ne surgissent, qu’ils soient énoncés clairement, ou simplement glissés à demi-mot en laissant le soin aux téléspectateurs de réfléchir seul et de tirer les conclusions qui s’imposent. J’ai beaucoup aimé cet aspect de la série dans le sens où on ne nous pré-mâchait pas tous les éléments pour mieux nous laisser apprécier et digérer le matériel narratif qu’on nous mettait sous les yeux.

Les personnages secondaires amènent également leur lot de rebondissements et de twists narratifs de par la complexité de leur construction et les secrets les concernant que l’on découvre également au fil des épisodes. Chaque personnage est unique, et à aucun moment on ne peut accuser les scénaristes de nous proposer des archétypes déjà vus et revus ailleurs: chaque personnage, même secondaire, est unique et possède une personnalité intéressante. Une remarque que je ne me risquerais plus franchement à faire sur certaines séries plus récentes dans lesquelles les 4 personnages principaux sont à peine étoffés, et tous les autres ne sont que des ombres sans visages… Si vous aimez les personnages complexe, ne cherchez plus: vous venez de trouver de quoi vous faire plaisir.

Endgame

Si les premières saisons de la série réunissaient près de 10 millions de téléspectateurs américains chaque semaine, on ne peut pas vraiment en dire autant de la quatrième saison, dont les audiences étaient passées sous la barre des 8 millions de téléspectateurs. D’où une annulation de la série et un cliffhanger final frustrant au possible qui laissait beaucoup trop de questions en suspend. Les fans inondèrent NBC de mails et de courriers de protestation, mais la chaîne tint bon et campa sur ses positions. Les droits furent finalement rachetés par TNT, qui souhaitait permettre de conclure proprement ces 4 saisons avec quatre téléfilms – une aubaine pour les fans ! Les deux premiers téléfilms the Pretender: 2001 et the Pretender: Island of Haunted sortirent tous les deux en 2001 et apportèrent leur lot de réponse sur le passé de Jarod et de Mlle Parker. Les deux téléfilms suivants ne virent jamais le jour à cause des problèmes financiers de la chaîne. La série tomba dans l’oubli pendant un temps…

En 2013, Van Sickle et Long Mitchell lancèrent le site the Pretender Lives et commencèrent à mettre à jour l’histoire de Jarod à travers toute une série de romans, dont notamment the Pretender: Rebirth, paru en octobre 2013 (et disponible sur Amazon). La même année, les deux compères ont annoncé sur leur compte Twitter qu’une suite serait donnée aux aventures de Jarod… de quoi mettre tout un fandom – bibi incluse – en ébullition !

Rating: ★★★★½
Avis: Si vous êtes amateurs de séries avec des personnages principaux ET secondaires construits jusque dans leurs moindres détails, des conspirations et de secrets, de parcours initiatiques et avez l’esprit vif, the Pretender est une série pour vous. On entre facilement dans l’histoire et l’on se prend assez rapidement à chercher des indices en permanence, dans le but de percer à jour la véritable identité de Jarod, ou la Vérité avec un grand V. Mais on ne trouve rien de tout ça d’entrée de jeu – et cette review est aussi vague que possible sur ces deux points – et il faudra faire un bout de chemin avec ce personnage hors normes pour en apprendre un peu plus sur lui et son univers.

Diplômée en Marketing / Communication et en Médiation culturelle, elle est Editrice Web et Geek à temps plein pour Britishg3eks comme dans la vie réelle. Rompue à l’exercice du reviewing et de la traduction dans le domaine du sports entertainment, passionnée de jeu de rôle et de street art, mauvaise guitariste et longboardeuse débutante, elle parcourt l'Europe et arpente villes et festivals un appareil photo à la main.

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