Preview: Odysseus

odysseus

Odysseus (c) Arte France / GMT Prod
Niels Schneider (Télémaque) et Karina Testa (Cléa)

Après Borgen, Ainsi soient-ils (1.4 millions de téléspectateurs), Real Humans (1.3 millions de téléspectateurs – on vous en reparlera très bientôt !), et d’autres bonnes surprises comme the Hour (dont on vous parlera également), c’est au tour du péplum de débouler sur Arte ! Coproduction européenne entre la France, l’Italie et le Portugal, Odysseus s’inspire de l’Odyssée d’Homère et raconte la longue attente de Pénélope, l’épouse d’Ulysse. Le parti pris était osé: laisser de côté cyclopes, sirènes et autres créatures mythologiques extraordinaires telles que dépeintes dans l’Odyssée d’Homère pour se concentrer sur cette île qui se languit de son roi et sombre peu à peu dans l’anarchie après 20 ans d’attente.

La série compte 12 épisodes, articulés en deux arcs de 6 épisodes, et a été créée par Frédéric Azemar (co-scénariste sur Un village français) et réalisée par Stéphane Guisti (créateur de la série Les Bleus, premiers pas dans la police, diffusée sur M6). Le casting est aussi international que l’équipe de production, avec quelques têtes connues comme notamment Caterina Murano, que l’on a pu voir – entre autres – dans Casino Royale. Odysseus est le fruit de 5 ans de travail et a mis à contribution pas loin de 14 auteurs, pour un budget modeste de 12 millions d’Euros – contre 200.000 millions d’Euros pour Rome. Les décors d’Ithaque ont été construits entièrement pour l’occasion (exit les fonds verts et les incrustations parfois disgracieuses), pour un tournage au Portugal qui a duré 15 semaines. La série a dores et déjà été vendue dans une vingtaine de pays, et les négociations des droits de diffusion sont en cours pour 30 autres pays.

8e siècle avant Jésus-Christ, 10 ans après la fin de la Guerre de Troie, Ulysse, roi d’Ithaque, n’est toujours pas rentré parmi les siens. Pénélope, privée d’époux, et Télémaque, qui n’a jamais connu son père, sont les seuls à le croire encore en vie. Lorsque Ulysse revient enfin, parviendra-t-il à sauver son royaume menacé et à reconquérir l’amour de sa femme et de son fils ? Une fresque romanesque librement adaptée du mythe d’Homère.

La série commence en évoquant l’attente. Celle de Pénélope, reine d’Ithaque, qui attend le retour de son époux. Sauf que son attente dure depuis déjà un petit moment – 20 ans, trois fois rien ! – et que les habitants d’Ithaque commencent à trouver le temps long, la sommant de déclarer Ulysse mort et de se choisir un nouvel époux… Mais persuadée qu’Ulysse est toujours en vie, la jeune femme refuse et continue de lui rester fidèle, suscitant la colère et les convoitises parmi les jeunes hommes vivant dans la cité. Chaque jour supplémentaire qui s’écoule sans aucune nouvelles d’Ulysse ne parviennent rend ce statut quo de plus en plus précaire, et on sent la tension monter à mesure que s’égrainent les épisodes.

Epées prêtes à verser le sang, tuniques courtes, lutte de pouvoir… on s’attend à y trouver tous les ingrédients qui font le genre et tous les défauts qui l’accompagnent. Pas spécialement portée sur les péplums, je me suis prêtée au jeu, et la première bonne surprise avec Odysseus, c’est que l’étiquette « péplum » qui rebute tant de téléspectateurs tombe très rapidement: pas d’affrontements en surnombre, pas de gerbes de sang ou de scènes dénudées qui surgissent de manière incompréhensible… Le résultat est très dépouillé – sans doute un peu trop sur certaines scènes – mais l’essentiel du travail est clairement concentré sur le développement des personnages.

Quelques irréductibles pointeront du doigt quelques faiblesses dans le jeu ou la narration, ou déploreront que cela ne soit pas davantage dans un style péplum plus ambitieux. Ces critiques bien avisées – qu’on s’abstiendra de citer – habituées à s’extasier devant les productions françaises pas toujours de très bonne qualité (ou alors suffisamment confidentielles pour que le public reste perplexe en les visionnant ou préfèrent tout bonnement s’abstenir) passent ici à côté d’une série qui propose quelque chose de neuf. On connaissait les aventures d’Ulysse, mais jusque là le quotidien d’Ithaque pendant son absence n’avait été que très peu effleuré… Au-delà de dire que l’Odyssée, ce n’est pas ça, qu’untel surjoue / joue mal, l’écriture autant que l’esthétique et le traitement de l’image font que malgré quelques lacunes, Odysseus est une série bien pensée et qui mérite qu’on y jette un coup d’oeil.

On s’en abstiendra tout simplement si on s’attend à voir des gerbes de sang toutes les trois minutes et des échanges de répliques « pertinentes » à la Spartacus (puisque c’est ce qui sert de référentiel « universel » pour certains critiques en termes de série péplum). De notre côté, même si la bande annonce un peu vintage faisait un peu peur pour le contenu, Odysseus est une série animée par sa propre dynamique, qui ne verse ni dans la surenchère d’effets spéciaux en vue d’attirer le téléspectateur et se paie même le luxe de broder habilement autour de l’oeuvre originale sans la trahir ne serait-ce qu’une seconde.

Au final, le mieux est peut-être de vous laisser en juger:

Retrouvez Odysseus tous les jeudis à 20h50, sur Arte.

Rating: ★★★☆☆
Avis: Avec des influences Ulysse 31 pleinement revendiquées et une reconstitution des costumes d’époque et des décors très convaincante, la série est un petit bijou visuel en équilibre entre classicisme et modernité, mettant d’avantage l’humain au centre de l’histoire avec un travail sur les personnages de grande qualité. On déplorera toutefois certaines longueurs de temps à autre, quelques inégalités en termes de jeu d’acteur (Niels Schneider réussit à être tantôt brillant, tantôt transparent… ce qui a quelque chose d’assez étrange) ou une lumière mettant peu en valeur certaines scènes. Mais dans l’ensemble, Odysseus reste une très bonne surprise.

Diplômée en Marketing / Communication et en Médiation culturelle, elle est Editrice Web et Geek à temps plein pour Britishg3eks comme dans la vie réelle. Rompue à l’exercice du reviewing et de la traduction dans le domaine du sports entertainment, passionnée de jeu de rôle et de street art, mauvaise guitariste et longboardeuse débutante, elle parcourt l'Europe et arpente villes et festivals un appareil photo à la main.

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