Review: Extant

Extant (c) CBS

Extant (c) CBS
Halle Berry (Molly Woods)

Créé par Mickey Fisher (King of Iron Town, Summer Nuts…) et produite par Steven Spielberg (qu’on ne présente plus), Extant est une série de science-fiction dans laquelle une astronaute se découvre enceinte à son retour sur Terre après une mission solo de 13 mois dans une station spatiale. La diffusion de la série est en cours depuis le 9 juillet 2014 sur CBS et a réuni un peu moins de 10 millions de téléspectateurs devant son pilote. En France, une diffusion est – normalement – prévue sur la chaîne M6 dès la rentrée.

Après avoir passé un an dans l’espace, où elle a vécu une expérience intense, l’astronaute Molly Woods tente de reprendre une vie normale auprès de sa famille composée de son mari, John, un scientifique surdoué, et Ethan, leur fils, un petit garçon pas comme les autres. En effet, celui-ci n’est pas le fruit naturel de leur union, vu que Molly est stérile : il a été conçu par son père comme le premier prototype d’une future lignée de « Humanichs », des « robots humains ». Mais le retour de Molly va justement avoir des conséquences dramatiques sur la planète entière et sur le destin de l’humanité…

[ Allociné ]

Halle Berry (Xmen, Die another day, Cloud Atlas…) fait sa première apparition sur petit écran avec Extant, dans le rôle de l’astronaute Molly Woods. Sa particularité ne réside pas dans le fait d’être une femme astronaute ou d’être stérile, mais plutôt de celui de devoir faire face à une ré-acclimatation difficile au sein de son propre foyer ainsi qu’à une grossesse qu’elle ne s’explique pas et que les médecins ne parviennent pas non plus à expliquer de manière certaine.

Dès le début, on entre dans l’histoire en se demandant comment une grossesse a pu être possible alors que la jeune femme est restée seule dans l’espace pendant près de 13 mois. Immaculée conception ou intervention extérieure… autant dire qu’on envisage un certain nombre de possibilités, encouragés en cela par les multiples retours en arrière permettant d’en apprendre un peu plus sur le personnage, sur sa mission, ou sur ce qui a pu arriver. Si le procédé aurait pu être vraiment lourd à la longue (je pense très fort à Under the Dome, qui en use et abuse), ça fonctionne incroyablement bien et tout en grappillant ça et là les petits détails ou débuts de réponse que l’on veut bien nous donner, on se demande vraiment comment et pourquoi tout ceci se produit…

Une énième histoire d'extra-terrestres... ?

On esquisse assez rapidement l’existence de plusieurs complots et d’informations cachées aussi bien à la NASA qu’à ses employés. Extant aurait pu n’être qu’une série de plus avec son lot d’extra-terrestres, de vaisseaux spatiaux défiant les principes fondamentaux de l’aérodynamisme et d’objets qui scintillent… Mais non, Mickey Fisher pousse son bébé au-delà, se permet même quelques références à la franchise Alien, et décide de se focaliser sur les personnages et leurs interactions sociales. Et c’est véritablement là que réside – pour moi – l’intérêt de la série: la trame de la série repose véritablement sur ces échanges, sur ces personnalités là où d’autres se seraient contentés d’utiliser les personnages comme prétexte à une histoire d’extraterrestres au goût de déjà vu.

Un choix qui se ressent également au niveau des thèmes sous-jacents qu’aborde la série et qui permettent d’aborder chaque scène de manière très émotionnelle, qu’il soit question d’éthique avec les Humanics (ces robots à apparence humaine), de secrets ou de n’importe quoi d’autre. Ainsi, les scènes ne s’enchaînent pas juste les unes après les autres avec en sous-texte « ingurgitez-ça sans réfléchir », mais transpirent réellement le ressenti et les émotions des personnages qui y figurent. Halle Berry est à la fois touchante et intrigante, gérant tant bien que mal ce retour sur Terre et les circonstances exceptionnelles qui en découlent. Habituée à être seule, elle fait de son mieux pour réapprendre à vivre avec sa fa famille et à se plier aux exigences de ses patrons.

Le reste du casting est bien évidemment à la hauteur, avec notamment Goran Visnjic (Urgences, the Deepon vous en parlait il n’y a pas si longtemps que ça – Red Widow…), qui incarne le mari de Molly, un scientifique opiniâtre travaillant sur les intelligences artificielles. La passion et le dévouement à son travail font que le personnage semble littéralement écraser ceux qui lui donnent la réplique, et Halle Berry est presque invisible dans pas mal des scènes qu’elle partage avec Goran Visnjic. Le seul gros reproche à faire sur ce personnage concernerait ses compétences, qui lui permettent COMME PAR HASARD de concevoir une intelligence artificielle dans un corps qui paraît humain et à l’apparence d’un petit garçon parce que JUSTEMENT sa femme est stérile et qu’ils ne peuvent pas avoir d’enfants… Un détail peut-être insignifiant, mais qui m’a un peu exaspérée avec ce pilote où pas mal de choses tombent drôlement bien, chouette alors !

Leur fils robotique Ethan est incarné par Pierce Gagnon (Whish I was here, Looper…) et est absolument parfait, tantôt trop mignon, tantôt vraiment inquiétant lors de ses sautes d’humeur. L’existence de ce personnage créée un certain nombre d’amorces pour l’intrigue et de nombreux questionnements, un peu à la manière de la série suédoise Äkta människor, qui abordait la question de l’existence d’un libre-arbitre chez une intelligence artificielle créée par l’Homme, les interactions homme/robot, les droits de ces robots à apparence humaine, la manière de les contrôler en cas de danger… beaucoup de questions auxquelles la série semble décidée à s’attaquer de manière pertinente.

Des audiences pas forcément à la hauteur...

Un tout petit peu moins de 10 millions d’américains (9.4) ont regardé le pilote de la série. Le second épisode a réuni 7.9 millions de téléspectateurs, et le troisième « seulement » 6.4 millions… Des chiffres qui font visiblement pâlir CBS, qui vient de changer la série de case horaire, passant de 21 heures et juste après Big Brother (un excellent lead-in) à 22 heures. Un choix qui n’a malheureusement pas provoqué le miracle escompté par la chaîne…

Rating: ★★★★☆
Avis: Très belle surprise avec Extant, avec un pilote solide qui ne verse pas dans la surcharge et qui fournit les informations nécessaires pour déterminer ce à quoi ressemblera vraiment la suite (même si le rythme est beaucoup moins nerveux par la suite). Aucune surcharge de scènes bien vendeuses ou d’effets spéciaux; la série se concentre sur ses personnages et sur leurs interactions et c’est tant mieux (!) parce que le résultat est vraiment à la hauteur. Les éléments de réflexion arrivent au fur et à mesure de la diffusion des épisodes; Extant ne tombe pas dans le travers de trop nombreuses séries de science fiction consistant à rajouter du mystère et des éléments de surprise toutes les 10 minutes pendant toute la saison et à tout expliquer dans les 10 dernières minutes de l’épisode final de la saison. Alors tout de suite, ça paraît beaucoup moins mystique… mais c’est quand même nettement plus agréable à regarder !

Diplômée en Marketing / Communication et en Médiation culturelle, elle est Editrice Web et Geek à temps plein pour Britishg3eks comme dans la vie réelle. Rompue à l’exercice du reviewing et de la traduction dans le domaine du sports entertainment, passionnée de jeu de rôle et de street art, mauvaise guitariste et longboardeuse débutante, elle parcourt l'Europe et arpente villes et festivals un appareil photo à la main.

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