Review: Doctor Who « the Day of the Doctor »

Doctor Who (c) BBC

Doctor Who (c) BBC
Trois incarnations du Doctor: Matt Smith (11th), David Tennant (10th) et John Hurt (8.5th)

« The Day of the Doctor », c’est l’épisode hommage aux 50 ans de la série. A l’annonce de l’écriture de cet épisode par Steven Moffat (CouplingSherlock…), beaucoup de fans auront certainement dressé mentalement une liste des choses qu’ils souhaitaient voir y figurer. Et les jours passant, les révélations s’enchaînant, chacun a également du raturer pas mal d’éléments qui resteraient à jamais de l’ordre du pur fantasme de fan. 

A commencer par une réunion de tous les Docteurs, qui serait trop complexe à gérer autrement qu’avec utilisation d’archives, certains acteurs étant malheureusement décédés, d’autres refusant de participer à l’évènement (Christopher Eccleston, notamment). Dans un sens, c’était quand même bien arrangeant parce qu’il aurait été assez difficile de développer une histoire cohérente mêlant 13 Docteurs qui tiendrait en 1h20… Du côté du scénario, de nombreux indices avaient filtré tout au long de la saison 7 (mais également bien avant), et les photos promo ont été nombreuses – dont beaucoup contenaient des spoilers concernant la fin d’épisode. Sur le dernier point, c’est quand même un peu dommage et ça gâchait quand même un peu l’enchaînement normal des évènements de l’épisode.

Très clairement, on se trouve encore dans la même configuration que le series finale de la saison 7, « the Name of the Doctor », qui a été également réalisé par Nick Hurran (It’s a boy girl thing, ou plus récemment à la réalisation de la saison 3 de Sherlock ). On y retrouve donc sa manière de faire, ses plans dynamiques et un cadrage des scènes sublimant les rares passages introspectifs de cet épisode. L’histoire est bien plus proche des épisodes classiques de ce qui se fait depuis 2005 dans la nouvelle série, avec un rythme entraînant, beaucoup d’action, et une mise en valeur parfaite des rares scènes calmes et/ou d’introspection. Le résultat était visuellement proche d’un excellent film de science fiction, avec un mélange de ralentis, un travail magnifique sur les effets… bref, tout était là côté visuel !

Le noyau dur de « the Day of the Doctor », c’est une histoire toute simple de tentative d’invasion de la Terre par des extraterrestres, les Zygons (déjà aperçus à l’époque du 4ème Doctor, mais en plus visqueux et plus effrayants encore), sorte de métamorphes de l’espace capables de prendre l’apparence d’une personne ou d’un animal. A l’état naturel, ils ressemblent à des… ventouses… – c’est assez difficile à déterminer, en fait – et sont particulièrement moches. Ils ont réussi le pari d’utiliser une technologie de pointe (qui a également servi aux Seigneurs du Temps) pour voyager d’un point à un autre grâce à une image fixe. Plus précisément, les Zygons arrivent à la National Gallery de Londres grâce à quelques tableaux, desquels ils sortent comme s’il s’agissaient d’une simple fenêtre ou d’un vortex. On suit tout au long de cet épisode les investigations du 11ème Doctor (Matt Smith) et de Clara (Jenna Louise Coleman) qui vont de découverte en découverte et s’attardent tout particulièrement sur la présence de débris de verre et de granit dont personne ne parvient à expliquer la présence dans ce lieu sécurisé. Des débris qui se révèlent être la clé de l’énigme de l’invasion des Zygons, mais le plus important n’est pas là…

John Hurt (War Doctor) & Billie Piper

John Hurt (War Doctor) & Billie Piper

Le plus important à mon sens est à observer du côté des différentes incarnations du Doctor, lorsqu’ils se rencontrent grâce à une fissure dans le temps (qui permet de justifier un double paradoxe, c’était habile !). Qu’il s’agisse du 11ème qui saute dans un vortex pour voir ce qui se trouve de l’autre côté, du tandem 10ème (David Tennant) -11ème Doctor avec son lot de répliques drôles et à sens multiples, et l’interaction entre le Doctor 8.5 (Juhn Hurt) et l’interface de la bombe  qui a pris les traits de Rose Tyler (Billie Piper), alias Bad Worlf. Le fil conducteur, c’est ce Doctor 8.5, ce War Doctor, comme beaucoup le désignent depuis clarification de son statut, pour éviter d’embrouiller tout le monde avec des chiffres. Durant tout l’épisode, on le verra tantôt déterminé, tantôt indécis, tantôt perdu… et je crois qu’il n’y aurait eu personne d’autre que John Hurt pour donner corps au mélange complexe qui habite ce personnage. Ce génocide qui a mis fin à la Guerre du Temps ? C’était lui. Et si on en a entendu parler dans la série, c’est parce que cet acte empoisonnait l’esprit du 9ème Doctor (Christopher Eccleston), puis du 10ème… et un peu moins du 11ème, qui a préféré oublier. Cet épisode est la chance de pouvoir faire rencontrer au War Doctor ses incarnations futures, et l’épisode prend en ce sens des allures de conte de Noël à la Dickens vraiment bien mené, qui lui permet de voir ce que le fait d’appuyer sur ce bouton rouge provoquera par la suite et la manière dont il se sentira… Je vais sans doute beaucoup me répéter dans cette review, mais j’ai trouvé beaucoup de moments parfaits dans cet épisode, et beaucoup faisaient intervenir le personnage incarné par John Hurt, qui est au final presque transparent et nous laisse observer le doute grandir en lui à mesure qu’il échange avec ses autres incarnations.

John Hurt (War Doctor) & Clara (Jenna Louise Coleman)

John Hurt (War Doctor) & Clara (Jenna Louise Coleman)

Pour nous faire saisir l’impact de cette décision et – surtout – de ses conséquences, on s’est beaucoup attachés à la question de savoir combien d’enfants mourraient dans l’explosion sur Gallifrey. La question préoccupe tout particulièrement le War Doctor parce que de sa décision dépendra l’avenir d’une partie de l’Univers (si les Daleks ne meurent pas tous pendant la Guerre du Temps, il y a fort à parier pour qu’ils détruisent à peu près toutes les planètes à leur portée…) mais surtout, l’avenir de son peuple. Le 10ème Doctor est assez agité lorsqu’on lui demande combien d’enfants sont morts dans la destruction de Gallifrey. Le 11ème a oublié… Ce qui donne lieu à une explosion de colère de la part du 10ème Doctor, qui trouve que les deux autres lui-même prennent les choses quand même vachement à la légère, comme si appuyer sur ce bouton et oublier les vies volées était si simple…

Même si ça a sérieusement pédalé dans la semoule en milieu d’épisode du côté des Zygons, Moffat a réussi à retomber sur ses pieds avec le scénario, et au prix de choix honorables. J’ai personnellement juste eu un peu de mal à avaler cette histoire de disparition de Gallifrey que les Daleks ne remarqueraient pas et donc BOUM, ils se détruiraient eux-mêmes dans leurs tirs croisés. On parle bien de mini-pieuvres sanguinaires dans des armures métalliques, mais quand même…

Du côté des surprises, j’ai retenu ça (parmi toutes celles qu’on nous avait réservé):

  • Matt Smith et Tom Baker qui échangent quelques mots, c’était GRANDIOSE. Vraiment.
  • l’apparition de quelques secondes du visage de Peter Capaldi en fin d’épisode qu’aucun nuisible n’avait spoilé sur les réseaux sociaux (contrairement à d’autres détails ><)
  • l’écharpe multicolore du 4ème Doctor (!), sur un personnage de second plan, mais le clin d’oeil était là et a été apprécié !
  • un thème musical retravaillé avec un nouveau générique de fin (plus moderne, j’aime beaucoup)

… et je pourrais encore continuer un moment, mais ce n’est pas le propos de la review. L’épisode offrait à la fois une histoire travaillée ET un gros cadeau au fandom de la série avec une multitude de clins d’oeils pas toujours évidents à repérer, mais malgré tout bien appréciables.

Beaucoup d’humour également, avec une gentille moquerie sur ce « Timey Wimey » un peu infantilisant qui a pas mal servi de mot-valise dans la série, David Tennant parlant à un lapin, une porte de cellule non verrouillée que personne parmi les incarnations de l’une des personnes les plus intelligentes de l’Univers n’a pensé à vérifier, ou encore voir le 10ème et le 11ème Doctor comparer la taille de leurs Tournevis Soniques… La série se moque d’elle-même à à peu près tous les niveaux, et c’est également cela qui explique sa longévité et l’engouement qui s’est développé autour.

Nous avons eu un petit aperçu de l’avenir du Doctor au moment où Peter Capaldi est apparu à l’écran. Nous savons également que les Seigneurs du Temps sont de retour dans la partie et qu’il y a sans doute beaucoup de choses qui vont changer. Beaucoup de spéculations se sont développées sur internet concernant le nombre d’incarnations que peut avoir le Doctor, et avec l’arrivée du War Doctor dans l’équation, tout le monde se demande un peu comment une 13ème incarnation pourra être justifiée alors que – dans la mythologie de la série – cela n’est techniquement pas possible SAUF EXCEPTION. Là, tout de suite, j’ai vraiment envie que cette exception soit à la fois bien pensée et originale. Là, tout de suite, j’ai envie d’avoir des réponses à toutes mes questions… mais pour cela, il faudra attendre la diffusion de l’épisode de Noël !

Pour conclure, j’ai envie de parler de chiffres. « The Day of the Doctor » a été diffusé en simultané dans 94 pays dans le monde, ce qui a valu à la série de faire son entrée dans le Guiness World Book of Records en tant que « émission télévisée la plus largement diffusée en simultané dans le monde » ! Au Royaume-Uni, « the Day of the Doctor » a été suivi par près de 10 millions de téléspectateurs via la BBC. En France, c’est 719.000 téléspectateurs fans et/ou curieux qui s’étaient réunis devant France 4. En Allemagne, devant le succès de la diffusion simultanée sur la Fox, la chaîne diffusera le prochain épisode de Noël le 25 décembre, soit le même jour que la BBC (aucune promesse de diffusion simultanée, mais c’est déjà un grand pas en avant). On espère que cela se produira également en France ! (Nd.Shad: ceci est un message subliminal à destination de France 4 !)

Rating: ★★★★½ Avis: Steven Moffat nous avait promis une histoire qui changerait le Doctor pour toujours. C’est exactement ce qu’il nous a donné. A partir de là, je n’ai rien d’autre à ajouter: je fais partie des fans plus que comblé(e)s par cet épisode spécial du 50ème Anniversaire, et toute phrase supplémentaire de ma part serait superflue… =)

Originaire de Livingston au Royaume-Uni, elle est diplômée d’un Bachelor degree en Communication et d’un Master de Commerce obtenu en France. Assistante de production dans un laboratoire audiovisuel britannique le jour, elle consacre la plupart de ses nuits au visionnage de séries et films en tous genres et s'est mis en tête de voir tous les Musical présentés à West End.

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