Review: Crossing Lines

Crossing Lines (c) NBC / Amazon

Crossing Lines (c) NBC / Amazon
– tous les jeudi soirs à 20h50 sur TF1 –

Créée par Edward Allen Bernero (F/X: the seriesNew York 911, Criminal Minds…) et Rola Bauer (Painkiller Jane, the Pillar of the Earth…), et réalisée par Daniel Percival (Strike Back, Death comes to Pemberley…), Crossing Lines est une série policière franco-américano-germanique mettant en scène une équipe chargée de résoudre des crimes transfrontaliers sur tout le territoire européen. La série a été diffusée pour la première fois sur NBC en juin 2013, puis sur TF1 en octobre 2013, et a été diffusée dans plus de 180 pays. La seconde saison est visible sur la plateforme Amazon Prime Instant Video UK depuis août 2014, et la diffusion française a débuté jeudi soir sur TF1. 

Il y avait un moment qu’une co-production de ce type n’avait pas attiré mon attention. En réalité, ça n’était pas arrivé depuis Odysseus (dont on vous parlait l’été dernier) et la mythique Highlander (dont on vous a parlé récemment). Pas beaucoup de promo de notre côté de l’Atlantique, des teasers made in TF1 pas spécialement bien montés, Marc Lavoine, une énième série policière alors que nos grilles de programmes en sont saturées… bref, tout était là pour que je choisisse de passer volontairement à côté de cette série sans trop de remords. Mais ça, c’était avait de voir William Fichtner (Entourage, Invasion, the Homesman…) et Donald Sutherland (M.A.S.H., Dirty Sexy Money, Hunger Games…) au casting.

Dans les faits, c’est un peu plus complexe parce que Crossing Lines est une sorte d’hybride d’un peu toutes les séries que l’on connaît, avec un squelette narratif typique des séries procédurières américaines, une grosse tartine de Criminal Minds, un soupçon de série policière britannique à la Sherlock ou Luther, et beaucoup de freestyle.

Ca parle de quoi ?

Une unité d’élite composée des meilleurs spécialistes européens est formée pour traquer les criminels les plus dangereux. Grâce à une disposition particulière du tribunal pénal international, ils ont le pouvoir d’appréhender les criminels partout en Europe et de les présenter à la justice.

[ Allociné ]

L’histoire est simplissime et met en scène une équipe composée des meilleurs des meilleurs policiers européens. L’équipe mandatée par le Tribunal pénal international a à peu près tous les pouvoirs pour peu qu’elle obtienne les autorisations nécessaires (tout se met en place dans les premiers épisodes, et il y a quelques ratés). Quelques intrigues secondaires viennent se mêler à l’enquête à résoudre dans chaque épisode et il sera régulièrement question d’éléments liés au passé de certains membres de l’équipe. La trame de la série n’a rien de vraiment novateur et mis à part la grandeur de leur terrain de jeu – l’Europe toute entière.

David Fichtner (Carl Hickman)

William Fichtner (Carl Hickman)

Criminal Minds: Europe

La comparaison n’est pas innocente, puisque Edward Allen Bernero – le créateur de Crossing Lines – est également le producteur de Criminal Minds (Esprits Criminels, pour la version française), une série centrée sur une équipe de profilers et de policiers extraordinaires chargée d’enquêter sur les crimes les plus odieux perpétrés sur le territoire américain. Là concrètement, Crossing Lines reprend la même recette: l’équipe est constituée de spécialistes, peut supplanter toutes les polices locales, pourchasse des serial killers qui ont la bougeotte… Mais la comparaison s’arrête là, parce que les deux séries ont chacune leur identité. Dans le cas de Crossing Lines, l’accent est mis sur la diversité, avec des spécialistes dans des domaines bien précis qui viennent des quatre coins de l’Europe (enfin pas de trop loin non plus, hein…), avec une italienne experte des opérations secrètes et de l’anti-mafia en Italie, un allemand expert en informatique, un irlandais expert en armement et tactics et une française experte en crime et contrebande. A cette joyeuse compagnie s’ajoute également un ancien flic américain lourdement handicapé d’une main mais capable d’analyser tout un tas de choses (données, comportement…) à une vitesse incroyable,  et un chef d’équipe qui n’a pas d’autre talent que celui d’être chef d’équipe. Chaque membre de l’équipe est unique et affecté par ses problèmes personnels qui interfèrent ou menacent d’interférer avec les enquêtes en cours. Malgré tout et de manière assez prévisible, les personnages se complètent les uns les autres.

L’équipe est également appuyée par le super guest-star Donald Sutherland, qui en plus de faire office de figure paternelle dispensant avec parcimonie bons conseils et mantras, incarne un juge du Tribunal pénal international chargé de délivrer les autorisations d’intervention et qui est plus ou moins à l’origine de la création de l’équipe d’enquêteurs transfrontaliers. On fera donc d’emblée abstraction du fait que ce Tribunal n’a aucune autorité pour accréditer une quelconque équipe d’enquêteurs qui supplanterait les polices nationales des états européens.

Marc Lavoine & Donald Sutherland

Marc Lavoine (Louis Daniel) & Donald Sutherland (Michel Dorn)

Des imperfections à la pelle

Qu’il s’agisse des erreurs de montage entraînant des disparitions / déplacements d’objets ou de la mauvaise gestion du rythme dans les épisodes ET sur la saison entière, Crossing Lines remplit les objectifs qui lui étaient fixés. Chaque nouvelle enquête apporte son lot de questions et d’interrogations concernant les affaires en cours, et permet également d’en apprendre un peu plus sur les membres de l’équipe et de toucher très légèrement du doigt les problèmes administratifs générés par l’existence d’une équipe de policiers capable de supplanter les polices nationales. Si les bons points ont l’air de parfaitement contrebalancer les maladresses, la série souffre néanmoins de la plupart des défauts propres aux fictions françaises, avec cet esprit de camaraderie entre les membres de l’équipe qu’on ne s’explique pas et qui semble pour le coup un peu artificiel: tout le monde semble connaître tout le monde de longue date alors que l’équipe se constitue tout spécialement au cours de l’épisode pilote. Ou encore la focalisation de l’attention sur les personnages « principaux », à savoir le chef d’équipe Louis Daniel (incarné par Marc Lavoine) et Carlton Hickman (incarné par William Fichtner), alors que les personnages secondaires semblent n’être approfondis que pour les besoins express d’une enquête.

Les clichés ont également la vie dure, avec une mosaïque de préjugés liés aux origines des personnages: l’irlandais a toujours une fiole de Whisky sur lui et a un nom en Mac-quelque chose (McConnel), l’italienne a le sang chaud, l’américain est assez bourru et a un sale caractère, le français a un accent anglais vraiment horrible – les scénaristes auraient sans doute pu lui faire porter un béret et manger du camembert tartiné sur une baguette si personne ne les en avait dissuadés – et l’allemand… qui s’en sort drôlement bien, en fait ! Sur le coup, on se dit que c’est sans doute une très mauvaise blague et que tous ces personnages vont mourir à la fin du pilote pour laisser place à de VRAIS personnages… mais en fait non. Il faudra attendre l’épisode 3 (le pilote étant un double épisode de près d’1h30) pour que les caricatures laissent place à des personnages plausibles. Côté « méchants », on les reconnaît bien souvent au premier coup d’oeil, ou parce qu’ils sont moches ou parce qu’ils sont patibulaires et blindés de cicatrices.

Cette co-production à la fois américaine, allemande, italienne et française n’a pas fait de vagues outre-atlantique, avec tout juste 3.1 millions de téléspectateurs devant NBC les soirs de sa diffusion. Un score d’audience pas vraiment formidable sur le territoire américain, qui a d’ailleurs conduit le network à choisir de ne pas diffuser la seconde saison. Les audiences sont toutefois nettement plus honorable en Allemagne et en Italie, au point que les chaînes ayant diffusé la première saison de la série en commandent rapidement une seconde. En France, la série avait réuni devant son pilote près de 7.4 millions de curieux, avant que ce chiffre plus que correct ne s’érode rapidement au fil des épisodes, au point de rapidement passer sous la barre de 5.8 millions de téléspectateurs (26% du public global) – un score somme toute vraiment correct.

Peu après l’annonce d’un renouvellement de Crossing Lines pour une seconde saison, Amazon Prime Instant s’est joint aux co-producteurs et a ainsi acquis les droits de diffusion de la série sur sa plateforme de vidéo à la demande. La première diffusion de la saison 2 a donc été proposée dès le 15 août sur cette même plateforme l’intégralité des 12 épisodes de la saison, bouleversant ainsi le mode de diffusion américain traditionnel « un épisode par semaine » (contre 2 à 3 épisodes par semaine en France… – no comment).

Les deux premiers épisodes de la seconde saison diffusés jeudi soir ont réuni une moyenne de 4.2 millions de téléspectateurs, un bon score pour la série mais un score décevant pour une diffusion en prime time sur TF1.

Rating: ★★★☆☆
Avis: Il y avait de quoi faire une série vraiment géniale avec les éléments de base de Crossing Lines, rien qu’en exploitant le principe des flics issus de différentes cultures et utilisant différentes méthodes de travail; il y aurait eu de quoi développer sur la manière dont ils apprennent à travailler ensemble. Au final, Crossing Lines se contente de faire le minimum sur le sujet et se concentre simplement sur des enquêtes basiques en utilisant les personnages davantage comme des pions que comme des vecteurs d’éléments et d’interrogations intéressantes. Malgré tout, même si les enquêtes sont loin d’être difficiles à résoudre depuis notre canapé, on se laisse prendre dans l’action bien volontiers et on s’attache à ces personnages – aussi caricaturaux soient-ils. La série apporte ce qu’on attend d’elle – un divertissement – mais reste une resucée de série américaine déguisée en série européenne pour faire plus exotique. De fait, si vous souhaitez voir quelque chose de vraiment novateur, franchement ? Passez votre chemin.

Diplômée en Marketing / Communication et en Médiation culturelle, elle est Editrice Web et Geek à temps plein pour Britishg3eks comme dans la vie réelle. Rompue à l’exercice du reviewing et de la traduction dans le domaine du sports entertainment, passionnée de jeu de rôle et de street art, mauvaise guitariste et longboardeuse débutante, elle parcourt l'Europe et arpente villes et festivals un appareil photo à la main.

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