Review: Firefly « Browncoats unite »

Firefly "Browncoats unite"

Firefly « Browncoats unite » (c) Science Channel
– documentaire spécial pour l’anniversaire des 10 ans de l’arrêt de la série –

A l’occasion de la cinquième saison du Comic Con français, nous avons pu assister à la projection inédite en France du documentaire Firefly: « Browncoats Unite », écrit et réalisé par Bruce Kennedy et produit par Science Channel. Ce documentaire réalisé à l’occasion de l’anniversaire des 10 ans de l’arrêt de la série aux Etats-Unis était l’occasion de rassembler les acteurs principaux de la série, de les interroger sur leur ressenti, d’évoquer bon nombre d’anecdotes… et de s’intéresser à l’influence de la série sur la culture populaire. La review qui suit se voudra la moins spoïlante possible afin de ne pas dévoiler toute l’intrigue de la série – que l’on vous conseille vivement ! – à ceux qui voudraient se lancer dans son visionnage.

**

Créée et réalisée par Joss Whedon (Buffy the Vampire slayer, Dollhouse, the Avengers ou encore Much Ado about Nothing), Firefly est une série de science fiction reprenant à sa sauce une grande majorité de codes propres au space opera et au western. Le résultat est un immense gloubi-boulga plus que sympathique, flirtant même [très] souvent avec le génie, appuyé par un subtil dosage d’action, d’humour, d’émotion et des échanges de répliques tantôt à en donner le tournis, tantôt à mourir de rire. Diffusée pour la première fois aux Etats-Unis en 2002 sur la Fox, la série démolit d’emblée tous les clichés des genres auxquels elle emprunte, s’affranchissant d’entrée de jeu d’emprunts pourtant glorieux qui aurait pu être faits à la franchise Star Trek, principale référence dans l’imaginaire collectif lorsqu’il s’agissait de voyages et d’exploration dans l’espace. Firefly a amené des cow-boys dans l’espace, un peu à la manière de Bravestarr (1980) – là dessus, Whedon n’a pas inventé un concept révolutionnaire mais en a proposé une version originale et l’a marquée de sa griffe si particulière.

Firefly

Morena Baccarin, Adam Baldwin & Nathan Fillion

Firefly met en scène les aventures d’un équipage de vaisseau un peu particulier qui a commencé à s’étoffer dès le premier épisode, et à l’équipage de base – un capitaine tête de lard mais attachant (Nathan Fillion), un pilote adepte des loopings (Alan Tudyk) marié à un ancien soldat qui n’a peur de rien (Gina Torres) + un mécano un peu nerd sur les bords (Jewel Staite) et un mercenaire déjanté (Adam Baldwin) – s’ajoutent très rapidement un prêtre au passé sombre (Ron Glass), une courtisane (Morena Baccarin), un scientifique (Sean Maher) et sa soeur un peu dérangée (Summer Glau). A première vue, tout les sépare et rien ne laisse présager que tous seront encore à bord dans l’épisode suivant puisque ces passagers n’avaient à l’origine embarqué que pour un voyage… Seulement l’alchimie de groupe fonctionne malgré des caractères forts ou des aspirations radicalement opposées. Tous ces personnages deviendront par la suite récurrents, et se rassembleront autour du personnage principal et capitaine du Serenity, Malcolm « Mal » Reynolds (Nathan Fillion) lorsqu’il faudra faire un choix crucial suite à l’arrivée de River sur le vaisseau. A travers une alternance d’épisodes revenant sur le passé douloureux de certains des personnages et d’épisodes plus « classiques » où l’équipage se contente simplement d’effectuer une livraison de marchandise, la série s’articulait autour d’une dynamique intéressante et tournait autour de la quête d’identité de River, mais également de thèmes forts comme la liberté ou la rédemption.

Et là, c'est le drame...

Oui mais voilà, cette belle épopée ne séduit pas suffisamment de téléspectateurs et après avoir diffusé n’importe comment les épisodes – en omettant de diffuser le pilote, ce qui est très pratique pour bien comprendre le contexte d’une série – la Fox décide assez brutalement d’annuler la série après avoir elle-même sabordé ses chances de conquérir un public plus large. La nouvelle est un choc aussi bien pour son créateur que pour toutes les personnes ayant travaillé dessus ou pour les fans de la première heure. Le documentaire « Browncoats unite » part de cette annonce de la Fox et replace les protagonistes de la série dans ce contexte, à l’occasion du [triste] anniversaire de l’annulation de la série, et à cette occasion les principaux acteurs du casting ont été réunis pour en discuter dans une cuisine copie presque conforme du décors de la cuisine à bord du vaisseau Serenity, avec en prime la participation de Tim Minear (producteur exécutif de la série à l’époque) et José Molina (éditeur exécutif de l’histoire).

Pour ceux qui ne connaissent pas cette série ou n’en ont jamais vraiment entendu parler, il est important de préciser à ce stade qu’il s’agit de l’une des rares séries dont la popularité a grandi de manière exponentielle suite à son annulation. Ce phénomène assez rare peut s’expliquer d’une part par la qualité de la série, véritable OVNI à l’époque, autant que par le militantisme des fans de la première heure. En France, on ne doit pas vraiment la popularité de la série Série Club qui la diffusait quelques années plus tôt et rediffusait inlassablement les mêmes épisodes sans aucune logique apparente dans leur enchaînement. On lui doit en revanche d’avoir pu poser les yeux sur cette merveille, ainsi que sur pas mal d’autres petits bijoux de SF comme notamment la série Farscape (à propos de laquelle on pourrait également dire beaucoup de choses positives). Les bases étant posées, Internet a fait le reste: vidéos, dossiers, interviews ou communautés en ligne, la série a bénéficié d’une large campagne de soutien initiée et organisée intégralement par ses fans. Journalistes web, cosplayeurs ou simples passionnés, tous se sont acharnés à donner une visibilité à une série qui n’avait plus aucune place à la télévision américaine. Le résultat ? Une présence massive de ces fans dans tous les festivals dédiés aux séries de science fiction, et notamment au Comic Con de San Diego qui se déroule en ce moment même aux Etats-Unis et qui est une sorte de grande messe à laquelle tout fan qui se respecte se doit de se rendre pour assister au panel consacré à sa série favorite… Aucune convention officielle n’avait été organisée pour la série. Jusqu’à l’année dernière…

60 minutes de pure nostalgie

Science Channel a commencé la diffusion des 14 épisodes de Firefly en 2011. Explosion de joie du côté des fans, alors que du côté du management de la chaîne on a rapidement réalisé que la série était encore belle et bien vivante dans l’esprit des fans, et même encore plus vivante que jamais compte tenu des audiences réalisées avec cette nouvelle diffusion. Firefly a relevé le pari de traverser le temps, et la directrice générale et vice-présidente de Science Channel Debbie Mayers Adler insistait à l’époque sur la volonté de la chaîne de présenter la série sous un jour nouveau et de façon surprenante, avec dans un premier temps la réalisation d’une série de documentaires scientifiques visant à expliquer ce qui pouvait être vrai ou non dans la série, et un autre documentaire d’un genre nouveau consacré à la série:

«Quand Science Channel a commencé à diffuser Firefly en 2011, nous avons immédiatement réalisé que les fans de la série faisaient partie d’une sous-culture et étaient unis par une passion unique et fanatiques de la série. […] Notre objectif est de leur présenter la série qu’ils aiment – mais d’une manière totalement nouvelle et surprenante, que ce soit en explorant les faits scientifiques derrière le spectacle, ou simplement réunir l’ensemble du casting pour la première fois: nous voulions que Science Channel soit la maison de tous les browncoats. »

Debbie Mayers Adler,  directrice générale et vice-présidente de Science Channel, à l’occasion de la conférence de presse annonçant les évènements consacrés à Firefly sur la chaîne (2011)

« Browncoats unite » et l’anniversaire des 10 ans de l’annulation de la série fournissent l’occasion d’une réelle célébration avec les fans de la série, ainsi que le souhaitait l’équipe de Science Channel à l’initiative de la réalisation de ce documentaire. L’occasion également d’évoquer avec ceux qui ont pris part à cette aventure humaine la manière dont l’annulation de la série a été ressentie et à la manière dont ils ont par la suite vécu la notoriété « posthume » de la série, et ce que leur participation à l’aventure Firefly leur a apporté, aussi bien sur un plan personnel que pour leur carrière. Le documentaire est un habile mix de séquences tirées de la série, de plans d’ensemble montrant le casting presque au complet échangeant des souvenirs de tournage, des anecdotes ou des détails inédits jamais révélés jusqu’ici (on restera discrets sur ce sujet pour éviter tout spoiler, mais certains détails expliquent beaucoup de choses sur certains personnages), et d’interview croisées menées par Jeff Jensen, rédacteur pour Entertainment Weekly.

L’émotion qui ressort des échanges est palpable et nous permet de constater à quel point travailler sur Firefly a soudé son équipe. Ce n’était donc plus un groupe d’acteurs ayant partagé le même plateau et les mêmes plans pendant quelques mois: très clairement, nous avions l’impression de voir les membres d’une même famille évoquer le bon vieux temps. On aurait pu soupçonner un soupçon d’exagération en vue d’un retour sur les écrans ou pour faire plus larmoyant, comme c’est quelques fois le cas dans les bonus de certains DVD (et manque de bol: ça se voit quand la bonne humeur et la convivialité sont forcées), mais non: les acteurs ont vécu les tournages ensemble, l’annulation de la série… tout un tas de choses qui les ont profondément marqués et soudés. Et en plus d’être vraiment émouvant, c’est réellement très beau à l’écran.

Firefly

Joanne Schioppi, productrice pour Science Channel

A plusieurs reprises au cours du documentaire, on nous montre les images du premier panel Firefly au Comic Con de New York qui s’est tenu le 14 novembre 2012. Les larmes de Joss Whedon face à tant de fans de son oeuvre, les regards hallucinés des acteurs de la série pour à peu près les mêmes raisons… à cette émotion s’est combiné un certain sens de l’emphase et un montage qui soulignait ce qui devait l’être: fans, cosplayeurs, curieux… tous avaient fait le déplacement pour cette célébration unique attendue depuis près de 10 ans aux Etats-Unis.

Nous avons donc pu voir ce « Browncoats Unite » sur grand écran, dans une salle comble – un autre signe confirmant que la Fox n’avait clairement pas flairé le potentiel addictif de la série, alors que la série n’a été très (trop) peu diffusée. Pour l’occasion, Joanne Schioppi, productrice de la chaîne, avait fait le déplacement pour évoquer avec nous la genèse de ce documentaire inédit, et également répondre aux questions des fans français… et de manière assez amusante, à voir sa réaction face à la salle comble et aux applaudissements nourris, elle ne s’était sans doute pas attendue à ce que les browncoats soient aussi nombreux de ce côté de l’Atlantique ! =)

L’idée d’une convention Firefly pour le prochain Comic Con en France a également été glissée à Joanne Schioppi qui a promis de transmettre en affichant un enthousiasme assez contagieux.


(la bande annonce du documentaire Firefly: « Browncoats Unite »)

Retrouvez nos photos de la projection dans la section photos #BGatComicCon !

Rating: ★★★★☆
Avis: La note autant que l’avis sont forcément subjectifs pour le coup parce que Firefly est une série qui m’a marquée pour pas mal de raisons, qu’il s’agisse du casting à la composition atypique (aucun « grand nom », beaucoup de nouvelles têtes loin d’être dénuées de talent et qui ont percé par la suite), de l’histoire, ou de la patte caractéristique de Joss Whedon, qui pourrait presque m’amener à regarder n’importe quel projet passé entre ses mains. Le documentaire était également riche en émotion et en humour, mêlant les deux avec presque autant de brio que le faisait la série, et les révélations venant ponctuer le tout ajoutaient un petit côté inédit qui assez intriguant qui tenait au fait de réussir à encore apprendre des choses d’une série terminée depuis 10 ans et visionnée un nombre incroyable de fois. Un très bon moment. Peut-être un peu moins bon pour ceux qui étaient venus assister à cette projection sans connaître la série… Après tout, « Browncoats Unite » a été pensé comme un cadeau d’une chaîne ayant compris l’importance de la série, et destiné aux fans. Mais cela n’empêchera pas la communauté de fans de s’agrandir encore davantage !

Diplômée en Marketing / Communication et en Médiation culturelle, elle est Editrice Web et Geek à temps plein pour Britishg3eks comme dans la vie réelle. Rompue à l’exercice du reviewing et de la traduction dans le domaine du sports entertainment, passionnée de jeu de rôle et de street art, mauvaise guitariste et longboardeuse débutante, elle parcourt l'Europe et arpente villes et festivals un appareil photo à la main.

2 Comments

  1. RED5 Reply

    Merci de parler de cette série mythique. Faudra que je vois le documentaire.
    On attend toujours la S02 😉
    Si je gagne au loto, j’envoie un chèque.

    1. Shad Post author Reply

      Annulée ou non, Firefly a marqué énormément de gens à travers le monde donc il nous paraissait important d’en parler. Surtout que rares sont les séries auxquelles on consacre un documentaire 10 ans après leur arrêt !

      Je crois que dans le fond, on attend tous encore après une saison 2… =)
      (bien pour le chèque… maintenant, il faut gagner au loto !)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *