Review: Robocop (2014)

Robocop (c) Sony Pictures

Robocop (c) Sony Pictures
Joel Kinnaman (Alex Murphy)

Le Robocop original, sorti en 1987 avait séduit les cinéphiles avec un mélange savamment dosé de violence, d’effets spéciaux (à la pointe de la technologie pour l’époque), et de satire sociale. Comme l’histoire portée à l’écran par Paul Verhoeven (Total Recall, Basic Instinct, Starship Troopers…) avait connu le succès et aussi parce qu’en 2014, créer un truc original qui n’est pompé sur rien ça fait mal à la tête, José Padilha (Elite Squad, Paraísos Artificiais…) et ses scénaristes s’y sont collés pour un remake, qui est sorti sur nos écrans début février 2014.

J’hésitais à commencer directement ma review par « putain, ils ont encore massacré un grand classique ». Comme il paraît que ça va mieux en le disant… voilà, c’est fait ! Si on m’avait demandé mon avis, j’aurais planifié la sortie du film pour le 1er avril, histoire de rester cohérent avec tout le reste (casting et qualité du film inclus, j’entends).

On prend les mêmes... et on recommence !

L’histoire originale était celle d’un agent de police mortellement blessé lors d’un affrontement avec une bande de voyous, qui va renaître dans une version mi-homme, mi-machine, dans un contexte d’ultra-violence bien perceptible (pour ne pas dire omniprésent). Le film était tellement en avance sur son époque que jamais personne n’avait envisagé un reboot jusqu’ici, et il aura finalement fallu attendre 2014 pour que cela se produise… Je ne suis pas du tout client des remake ou de tout ce qui consiste à prendre quelque chose qui était innovant et bien conçu pour le « remettre au goût du jour » en le bourrant d’effets spéciaux et en détournant complètement le propos original. Mais j’imaginais sincèrement qu’avec un matériel original comme Robocop, il allait être difficile de faire quelque chose de mauvais…

Les services de police inventent une nouvelle arme infaillible, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d’acier qui a pour mission de sauvegarder la tranquillité de la ville. Mais ce cyborg a aussi une âme…

[ Allociné ]

L’histoire se passe à Detroit dans le futur, en 2028. Les drones électroniques font partie intégrante de la politique étrangère / sécuritaire des Etats-Unis (« gendardmes du monde » auto-proclamés), avec des patrouilleurs robotiques qui ont pour mission de pacifier les zones du monde où la guerre a éclaté. Sur le territoire américain en revanche, ces drones ne sont pas autorisés dans les rues à cause d’un projet de Loi déposé au Sénat par crainte qu’un jour, ces drones ne finissent par avoir autorité sur les humains.

Cette Loi n’est pas du goût de Raymond Sellars (Michael Keaton), patron d’OmniCorp, la société qui conçoit les robots pacificateurs. Mettre des patrouilleurs robotisés dans les rues américaines lui rapporterait des milliards de dollars, et la seule manière de contourner cette loi consiste à mettre des hommes à l’intérieur de ses patrouilleurs… L’accident d’Alex Murphy (Joel Kinnaman) fournit une ouverture assez intéressante, et OmniCorp va en faire le visage humain de son nouveau produit mi-homme mi-machine destiné à révolutionner le quotidien des forces de police américaines. Là, c’est le moment où j’ai envie de faire remarquer que je trouve vraiment drôle que les politiciens américains refusent d’utiliser des robots pour assurer la sécurité dans les villes, mais trouve particulièrement normal de les envoyer buter des milliers de personnes à l’étranger. Dans le genre cohérent, j’ai vu mieux…

"Ma petite femme, mon armure en plastique et moi..."

« Ma petite femme, mon armure en plastique et moi… »

L'important, c'est de participer...

Ce qui diffère un peu dans l’approche au niveau de l’histoire, c’est que la question de la moralité de la transformation d’un homme en une machine est complètement laissée de côté, permettant ainsi d’aborder l’histoire sous l’angle d’un Murphy – qui n’est plus totalement un homme mais qui n’est pas non plus une vraie machine – qui essaie de trouver sa place alors que ses concepteurs tentent de le contrôler. Prendre la même histoire mais avec perspective différente, c’est loin d’être une approche inintéressante à condition d’aller jusqu’au bout… et malheureusement, le film se vautre un peu en milieu de parcours avec une tentative de début de débat éthique entre l’avocate Liz Kline (Jennifer Ehle) qui défend les intérêts de Sellars, Tom Pope (Jay Baruchel), le marketeux d’OmniCorp, et le Dr. Norton (Gary Oldman), qui supervise les opérations. Si l’idée était de combiner – comme le film de 1987 – l’action avec les questionnements sérieux, l’intention était bonne, mais la réalisation s’est cassée la gueule assez violemment, donnant l’impression qu’on nous assénait une leçon de philosophie pour les nuls, et bien indigeste.

Au final, en essayant à tout prix de faire les choses autrement par rapport au film de référence rend le film boiteux et le dépouille de sa substance. On oublie la critique assez violente du capitalisme impitoyable (dans le film de 1987, le patron d’OmniCorp s’alliait avec les malfrats pour se faire un max de blé, quand même !), du profit à tout prix et de la violence gratuite, et à la place on nous propose de quoi faire pleurer dans les chaumières en se focalisant sur la famille de Murphy, le tout combiné à des scènes d’action hyper-poussives censées nous en mettre plein la gueule et nous faire oublier tout le reste. Alors ça peut marcher sur un certain public, mais moi ça me laisse assez indifférent.

Avec un talent incroyable, le film se vautre et ronchit dans le contresens total enrobé de sentimentalisme, laissant de côté les vraies interrogations relatives aux méta-humains, à la quête d’identité / d’humanité perdue au profit d’une amélioration physique considérable. On oublie tout ça et on se concentre sur la famille Murphy, que l’on voit beaucoup trop, qui passe son temps à chialer, et qui nous fait perdre un temps qui aurait pu être employé de manière plus intelligente.

"Mais qu'est-ce que je fous dans ce film ?"

« Mais qu’est-ce que je fous dans ce film ? »

RoboCop

Le titre ne parlera pas forcément de lui-même – humour pourri oblige – mais ce Robocop n’avait pour moi rien de « robot » et se déplaçait beaucoup trop facilement à mon goût pour quelqu’un qui avait un corps métallique. Mais on évacue cette difficulté technique avec des améliorations technologiques à la pelle qui permettent même à Murphy de pouvoir courrir plus vite, sauter plus haut, frapper plus fort… bref, ce n’est plus un humain robotiquement amélioré, mais un robot avec des caractéristiques humaines.

De la même manière… c’est quoi cette armure plastique ?! Sérieusement… avec plus de 20 ans de différence entre l’original et Robocop 2014, l’armure originale a bien plus de gueule et paraît nettement plus « vraie ». Même remarque pour le maquillage de cyborg, pour lequel on ne s’est visiblement pas foulé. Même remarque également pour cette visière lumineuse rouge qui m’a passablement rappelé Kit de K-2000 (oui oui, c’est une voiture… je sais) et qui ne doit pas avoir d’autre utilité que d’indiquer aux ennemis à quel endroit tirer lorsque Murphy les poursuit dans le noir. Blague à part, la remise au goût du jour du costume est une catastrophe pure et simple.

Rating: ★☆☆☆☆
Avis:  L’univers était riche, les angles d’attaque pour proposer une relecture originale du film de Verhoeven existaient (sans non plus être illimités), et pourtant le film sonnait creux, malgré quelques références à l’origial disséminées ça et là. Robocop 2014 est un film que j’ai vraiment envie d’oublier.

Diplômé en comptabilité, il passe ses journées le nez dans les chiffres et s’évade régulièrement de sa routine avec tout ce qui peut faire fonctionner son imagination. Nomade et très curieux, il est souvent là où on ne l’attend pas. Doté d’un humour assez particulier, il passe souvent pour le misogyne de service mais n’hésite jamais à se caler devant un film ou une série sentimentale pour passer un bon moment ou se vider la tête (parce que comme le disait Elya plus haut : ne pas réfléchir, ça fait du bien de temps en temps !). Il apprécie tout particulièrement the Walking Dead, Misfits, Stargate, Battlestar Galactica et Game of Thrones, mais aussi Star Trek, Fast&Furious, Star Wars, et d’une manière plus générale les films de Tarantino.

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