Review: Oblivion (2013)

<strong>Oblivion</strong> (c) Universal Pictures<br />- En salles depuis le 10 avril 2013 -

Oblivion (c) Universal Pictures
– En salles depuis le 10 avril 2013 –

Britishg3eks, ce sont beaucoup de séries. Mais un instant, faisons place au cinéma. Je voudrais vous présenter mon coup de coeur de l’année : Oblivion. Certains ont déjà dû grimacer à l’évocation du nom de Tom Cruise sur toutes les affiches, d’autres se sont probablement contentés du synopsis, d’autres encore ont peut-être simplement voulu se détendre avec un film propre à leur domaine, ici la science-fiction. Couplé à du post-apocalyptique et de l’anticipation, réalisé par Joseph Kosinski (TRON : L’Héritage) et produit par les têtes de La Planète des Singes : les Origines, Oblivion est, comme il se doit, un petit bijou du genre.

L’histoire :

Après des décennies de guerre contre la terrible menace dénommée les Scavs, les humains ont quittés la Terre. Jack Harper (Tom Cruise), qui vit sur une station située dans les nuages, a pour mission d’extraire des ressources vitales nécessaires aux humains expatriés.

Son existence est bouleversée lorsqu’il sauve une belle inconnue (Olga Kurylenko) d’un vaisseau en déperdition. Son arrivée va déclencher une série d’évènements qui vont le forcer à remettre en question tout ce qu’il connaissait.

Malheureusement, ce synopsis n’annonce rien de bien original en plus d’être loin de la vérité. Outre un scénario intéressant mais pas exceptionnel, (pour ne pas dire pauvre), nous nous attacherons ici aux valeurs et aux prouesses techniques qu’apporte le film dans l’édifice du cinéma. Mais si Oblivion n’est pas le prochain Nanar à éviter… Qu’est-ce que c’est ?!

Le post-apocalyptique est souvent synonyme de sombre, de feu, de mort, de destruction, de combats. Mais les créateurs d’Oblivion en ont décidé autrement. Aussi incroyable que vrai, la plupart des décors sont réels et ont été réalisés en extérieur aux Etats-Unis et en Islande, produisant une lumière naturelle à peine retouchée. Comme quoi, la science-fiction peut parfois s’affranchir de bien des effets spéciaux ! Vous êtes avant tout ébloui par une forte luminosité, des couleurs vives mais pastels dans les tons de bleu/gris, assez ternes, mais l’image, durant tout le film, est très claire et épurée, donnant un sentiment de légèreté et de flottement. Les acteurs eux-mêmes sont fréquemment seuls à l’écran, les décors sont très peu chargés et vous aurez tout à loisir de vous en émerveiller. Un blanc pur, un noir profond, un bleu azur, un ocre pastel et un gris pâle, voici la palette de couleurs d’Oblivion dont la pureté et la technologie ne sont pas non plus sans rappeler TRON. Fort de son ambiance aérée, la seule réelle couleur vive qui ressorte, c’est le vert nature. Rien n’est laissé au hasard et ces choix pouvant paraître innocents ne le sont que très rarement. Oblivion ne brille pas par un scénario d’exception bien que le concept soit plus qu’intéressant, mais son traitement de l’image est particulièrement captivant.

« Earth is a memory worth fighting for. »

Cette image est une très belle illustration du fond réel du film : la Terre est une mémoire qui mérite que l’on se batte pour elle. La main de l’homme abreuve la nature alors piégée dans un étau de fer, comme une rééducation. Et cette arme, en plein coeur de l’image défiant quiconque se mettrait en travers du chemin. L’homme a besoin de la nature et la nature a besoin de l’homme. Ce n’est bien sûr pas vrai dans tous les cas mais ça l’est pour Oblivion car nos personnages font face à une grande menace écologique.

Andrea Riseborough (Victoria)

Choisir un bon angle est aussi une propriété importante du film. De par son image, il creux, vide, sans vie, dénué de sens, finalement. En plus de la couleur, les prises de vue ne sont pas plus innocentes. Un teint laiteux, parfait, telle une poupée de cire, Victoria incarne ce que l’on pourrait attendre d’un clone ou d’une intelligence artificielle ultra-perfectionnée. Ses cheveux roux en chignon et pas une mèche indisciplinée, des yeux bleus perçants aux pupilles dilatées comme en permanence dans le noir, aveugle, un sourire éclatant et une tenue impeccable, elle est l’archétype du personnage qui viendra contrer notre héros. Ce même personnage qui représente le monde tel qu’il est dans l’actuelle Oblivion : vide, impénétrable, la science et l’ordre. Mais Victoria n’est pas dénuée d’émotions ou de sentiments pour autant, c’est un bon soldat qui souhaite s’affranchir des questionnements existentiels, tout simplement. Loyale, elle obéit à sa mission et protège l’homme de sa vie à qui elle est entièrement dévouée. Elle attend impatiemment son retour parmi les siens. Chacune de ses expressions, chacun de ses actes est filmé avec précision, netteté et pureté.

A contrario, Jack (un prénom on ne peut plus patriote et Américain pour un Tom Cruise très en forme) est l’archétype du chaos et de l’impulsion. Hanté par des questions existentielles, notre héros possède ses petits secrets. Son uniforme est souvent sali par ses expéditions, il est dénoté comme taquin et imprudent dès les premières secondes. Car c’est lui le technicien qui descend réparer les drones tous les jours, c’est lui qui voit l’état de notre planète bleue, son désarrois, ses blessures. C’est lui aussi qui est témoin de ces paysages où la nature a repris ses droits, enfermant dans son étreinte des milliards d’hectares, d’anciens immeubles, des monuments dont seul le sommet dépasse à peine. Jack est celui qui a une mémoire, un espoir. Une brèche s’est faite dans son esprit et dès lors, il sait que quelque chose cloche. Cà et là, il trouve des objets témoignant d’une ancienne population et il incarne alors un personnage vivant, le souvenir de notre planète. Tous ces objets, il les cache dans un endroit à l’abris des regards, un lieu qu’il est le seul à connaître, Bob et lui. Bob, c’est un petit bonhomme typé Elvis accroché à l’avant de son aéronef comme on accrocherait une vahiné qui fait la danse du ventre sur le tableau de bord  d’un semi-remorque. Ce petit jardin secret est situé dans les montagnes, au bord d’un petit lac, comme si la terre était toujours celle que nous connaissons aujourd’hui. Jack est un personnage de souvenir. Un terrain de foot, un match historique, le dernier avant l’invasion. Des livres, des poèmes, une New York encore debout, une peluche abîmée… Tout est bon pour se rappeler notre bonne vieille Terre.

Malheureusement, les autres personnages sont pratiquement dénués d’intérêt. Ils ne sont pas très nombreux, ce qui explique de telles têtes d’affiche. Si les noms des acteurs sont synonymes de carrière (Tom Cruise, Morgan Freeman et Nikolaj Coster-Waldau), curieusement, ceux des actrices (Andrea Riseborough, Olga Kurylenko et Melissa Leo), elles, sont bien moins populaires dans le monde du cinéma. Peut-être est-ce pour faire ressortir le mystère de la femme que l’on associe au monde, donnant naissance à notre univers, à la vie elle-même… Cette Déesse-Mère dont on ignore tout et que l’on ne demande qu’à découvrir. Mais une fois passées devant la caméra du talentueux Joseph Kosinski, elles lèvent le voile, chacune à sa manière.

Jack Harper, le Tech 49, face à 166, son pire ennemi sur Terre.

Un autre génie d’Oblivion, ce sont ses drones, ses moyens de transports et ses gadgets. Assortis à leur technicien et au reste de la palette du film, ils sont d’un incroyable réalisme époustouflant. Le Recon Patrol (l’aéronef du technicien) a été construit intégralement pour les scènes, de même que la moto. Alors pourquoi pas ces drones ? S’ils ne portent pas de nom, ils possèdent toutefois un numéro qui hantera vos nuits. Chez eux, la couleur de la vie, c’est le rouge. Une petite diode indiquant l’activité ou inactivité de l’engin et vous êtes soudain transporté dans un Wall-E pour adulte. Depuis le film d’animation de Disney, aucun autre n’avait encore donné tant de vie et d’expression à une machine. Ils ne sourient pas mais leur air menaçant est facile à décrypter et ce sont toujours les mêmes qui reviennent, comme s’ils incarnaient, eux aussi, un personnage bien indépendant. Jack s’adresse à eux comme à des personnes, usant de moquerie, de sarcasmes, d’autorité mais aussi d’attention envers eux. Il ne se contente pas de les réparer, il leur redonne vie. Un drone entier inspire déjà crainte et respect malgré sa petite taille. Imaginez lorsque l’un d’eux est démembré mais encore « vivant »… Un mélange de Terminator et de Zombieland et vous aurez une idée des frissons qui seront susceptibles de vous parcourir l’échine alors que cette énorme boule noire traverse vos rideaux purs de blanc avec un seule mission : vous détruire.

Musique composée par M83
Anthony Gonzalez, Joseph Trapanes feat. Susanne Sundfør

Enfin, la musique. Présente et discrète à la fois, elle ne conduit pas forcément nos émotions mais y contribuent. Dans un monde où l’être humain a perdu sa place, la musique comble les blancs avec un curieux aspect rappelant les années 80 de la science-fiction, et à nouveau TRON. Elle aussi est très aérienne, vaporeuse et vous transporte dans un monde de rêves même hors contexte. Le rêve est un autre thème fort du film, c’est ainsi que Jack communique avec son passé, c’est de là que viennent ses questions, ses doutes… Assez calme, la musique n’en demeure pas moins épique ! Alliance harmonieuse de légers violons, percussions sourdes, pianos doux avec des sonorités électro rappelant notre espace majestueux, ce sont des morceaux qui forgent l’identité du film. Ces petits bijoux sont l’oeuvre de Anthony Gonzalez et Joseph Trapanes, membres du groupe français M83 très populaire aux Etats-Unis. Tiens ! Comme Daft Punk pour la bande originale de TRON !

Le tout est repris avec dynamisme et passion par la chanteuse norvégienne Susanne Sundfør. Une voix claire venue du froid pour réchauffer notre coeur et nous extirper de ce rêve qu’incarne finalement Oblivion. Le thème principal, chanson issue du générique de fin, rappelle aussi très aisément ce style électro et quelque peu disco des années 70/80. Cette période qui a vu naître de grands films de science fiction aujourd’hui cultes et dont la musique, considérée encore comme kitsch, reste un symbole de l’époque et une mémoire du cinéma, l’empreinte musicale du genre de science-fiction.

Le questionnement de soi, de sa présence sur Terre, c’est le propre de l’Homme et c’est cette interrogation qui construit le fil conducteur d’Oblivion. Qui nous sommes, à quoi sommes-nous destinés ? Quel est notre véritable ennemi et pour quoi devons-nous nous battre ? Oblivion est un hommage à notre planète, un appel à la mémoire du sol que nous foulons jour après jour et à l’amour que nous portons à ceux qui nous sont chers, qu’ils nous est impossible d’oublier. Ce n’est pas l’histoire qui compte mais la manière dont on la raconte. Le scénario ici n’est qu’une excuse, un prétexte. Nous sommes en train d’oublier notre planète et il est grand temps de faire resurgir nos souvenirs, même les plus insignifiants car quoi que vous fassiez, cette planète est votre maison.

If we have souls, they’re made of the love we share. Undimmed by time, unbound by death.

Les trailers d’Oblivion révèlent presque tout du film, aussi, j’ai préféré vous le présenter à l’aide de cette featurette, illustrant les propos de cette review :

Rating: ★★★½☆
Avis : J’y suis allée sans me poser de questions. J’ai plissé le nez en voyant le nom sur l’affiche mais le synopsis pseudo anticipation m’a suffit pour répondre « oui je veux bien y aller ». Je n’aurais jamais cru que ce film m’obséderait à tel point que j’en rédige une analyse filmique telle. J’ai été piquée au vif par un sujet qui me touche et des images qui me parlent. Et malgré la pauvreté du scénario, je me suis imaginée en faire une fanfiction afin de corriger ce qui, à mes yeux, n’est qu’une petite erreur de casting pas si grave qui a son charme du cinéma… Sans ça… Il n’y aurait pas eu de film, pas vrai ?

Rédactrice, webdesigner, rêveuse, gameuse, conteuse, passionnée d'histoire, de musiques originales et sérivore, l'industrie de la télévision (principalement américaine), du cinéma et du jeu vidéo occupent une place prépondérante dans sa vie de tous les jours.

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