Review: Game of Thrones « Two Swords »

Game of Thrones (c) HBO

Game of Thrones (c) HBO
Emilia Clarke (Daenerys Targaryen)

Basée sur la saga A Song of Ice and Fire de G.R.R. Martin, Game of Thrones est une série d’action / aventure dans laquelle plusieurs familles luttent pour s’emparer du pouvoir et du Trone de Fer. La première saison a été diffusée en juin 2011 sur HBO et avait rencontré un succès retentissant. Les saisons suivantes ont renouvelé cet exploit, faisant de Game of Thrones LA série la plus piratée en 2013, avec un finale de saison 3 suivi par près de 6 millions de téléspectateurs. La saison 4 a débuté dimanche dernier sur HBO et 24h plus tard en France sur la chaîne OCS City. 

Tous les ans, il y semble y avoir une tendance qui se dégage dans le reviewing, et il s’agit bien souvent soit d’enchaîner les louanges avec un air extatique, soit de détruire une série parce qu’on peut se permettre de le faire. Visiblement cette année, la mode est au bashing pur et simple de séries très attendues, et ces dernières semaines on a pu lire en grinçant plus ou moins des dents pas mal de critiques assassines et pas spécialement motivées / argumentées / pertinentes sur cette reprise de Game of Thrones, ou sur le series finale de How I met your Mother… Ecrire une review par pur plaisir de « dégommer » une oeuvre, ça peut attirer des lecteurs en plus ou même permettre à un article de faire le tour de la toile en un temps record – cela dit, pas forcément pour de bonnes raisons. Mais ce n’est définitivement pas le genre de la maison.

En ce qui me concerne pour Game of Thrones, l’attente a été horriblement longue et c’est avec un plaisir immense que j’ai suivi cet épisode de reprise ! Alors oui, effectivement ça a déjà été dit et redit dans à peu près toutes les langues… mais l’intérêt d’écrire le contraire pour faire parler de nous ou pour poser un regard condescendant sur une série qui déchaîne les passions des foules me paraissait – et me paraît toujours – franchement limité.

Dans les épisodes précédents…

Après tous les retournements de situation vécus pendant la saison 3, le finale nous avait permis d’assister au mariage le plus sanglant du monde. Nous avions donc – contraints et forcés – fait nos adieux à Robb Stark (Richard Madden) et de son épouse, avec en fond sonore rien de moins que les hurlements de Catelyn Stark (Michelle Fairley). Cette saison s’était achevée dans un bain de sang, et nous avions vu disparaître des personnages auxquels nous avions fini par nous attacher. Les Lannister avaient écrasé les Stark à Westeros, et l’action s’était déplacée bien plus au nord, au niveau du Mur, que les hommes de Mance Rayder (Ciarán Hinds) avaient commencé à franchir dans la clandestinité la plus totale.

Au final, « Mhysa » – l’épisode final – avait principalement tourné autour des thématiques de la famille et du foyer, laissant peu à peu filtrer l’idée qu’ils étaient un luxe que tous ne pouvaient se permettre, et – avec le recul – qu’il était peut-être préférable de s’en passer pour éviter de fournir à un adversaire des faiblesses à attaquer. Beaucoup de réflexions sur le nom et l’importance de la filiation, avec tantôt un nom trop dur à porter ou source de problèmes, tantôt un surnom qui s’y substitue et change la donne…

Jamie Lannister (Nikolaj Coster-Waldlau) est rentré à Kingslanding avec Brienne (Gwendoline Christie) mais sans main droite. Tyrion a été marié à Sansa Stark (Sophie Turner) – en seconde ligne pour la succession à la tête de la maison Stark – pour assurer aux Lannister un contrôle sur la maison Stark dans le cas où Robb meurt prématurément à la guerre. Une union qui n’enchante réellement aucun des deux époux, et qui n’enchante pas non plus Shaé (Sibel Kekilli), concubine clandestine de Tyrion et esclave au palais. Cersei (Lena Headey) se morfond parce qu’elle n’a plus autant d’influence qu’auparavant sur son monstre de fils – Joffrey (Jack Gleeson) pour les intimes – et parce qu’il s’apprête à épouser Maergery Tyrell (Natalie Dormer) qu’elle n’apprécie pas vraiment.

Jon Snow (Kit Harrington) – qui ne connait rien – a survécu à la colère d’Ygritte (Rose Leslie) et à ses flèches acérées et a retrouvé péniblement le chemin de Castle Black, l’un des forts de la Night’s Watch. Les choses s’annonçaient compliquées parce qu’il avait été démasqué comme étant un espion à la solde des « Corbeaux », mais cela ne l’empêchait pas d’avoir réellement aimé la jeune femme… Bref, la situation était plus que compliquée, et l’ambiance n’était pas vraiment propice aux effusions de sentiments. Après avoir rompu presque tous ses voeux, il était clair que Jon Snow ne resterait plus longtemps à Castle Black… Bran (Isaac Hempstead Wright), le mini-Stark, s’est étoffé en une figure de sauveur prophétisé pendant presque toute la saison. Arya a presque fini par abandonner l’idée de retrouver les membres de sa famille éparpillés aux quatre coins de Westeros et au-delà.

On avait laissé Daenerys Targaryen (Emilia Clarke) à Yunkai, dans une robe bleue, flottant au-dessus d’une marée humaine blanche, dans un mélange de Marie et de Jeanne D’Arc, chef militaire et spirituel à la fois, avec un petit côté « déesse » clairement revendiqué.

Globalement, « Mhysa » était une conclusion de saison riche en moments forts, avec beaucoup d’axes narratifs qui se rejoignaient et de nouveaux mystères à peine esquissés qu’il faudrait chercher à élucider en saisons 4. Une conclusion haletante, avec plein d’éléments s’entrechoquant, pour au final un sentiment ENORME de frustration une fois les crédits de fin apparus à l’écran. Et les différents trailers promotionnels de la saison 4 dévoilés quelques mois après ne changèrent rien: il me FALLAIT la suite !

Le grand soir (!)

La saison 3 s’était achevée avec la mort de Robb Stark, et quel moyen plus efficace – et plus sadique – de nous le rappeler pouvait être utilisé à part une scène d’ouverture nous permettant d’assister à la fonte de l’épée ayant appartenu à Ned Stark (Sean Bean) ? A mon sens, pas grand chose. D’abord fondue, puis façonnée en une épée qui sera par la suite offerte à Jamie, on comprend assez rapidement que a tonalité de la série est en train de changer. Et une fois de plus, ce changement de ton n’est pas propre à la série mais s’est également produit dans les livres tout de suite après les noces pourpres. La scène est accompagnée par une version orchestrale très austère mêlant le score principal de Game of Thrones, et d’un sous-thème entendu dans l’épisode « the Rains of Castamere ».

Maisie Williams (Arya Stark) et Rory McCann (the Hound)

Maisie Williams (Arya Stark) et Rory McCann (the Hound)

La guerre, les luttes de pouvoir… tout cela empêche les protagonistes de la série d’avoir leur propre vie et créé un grand vide, même une fois la guerre terminée; ce que fait remarquer Joffrey. Arya déteste les Lannister mais est bien trop insignifiante pour leur nuire de quelque manière qui soit. Même chose pour Sansa. D’autres personnages gèrent le vide d’une toute autre manière: Jon Snow essaie de digérer la mort de son demi-frère Robb; Daenerys a d’autres priorités et essaie de s’y tenir. Mais en définitive, tous les puissants qui ont essayé de s’emparer du Trône de Fer ont disparu (comme Stannis, par exemple).

Ce que tous apprennent progressivement et plus ou moins à leurs dépends, c’est qu’après avoir quitté leurs foyers, il est bien dûr de s’y refaire une place et de reprendre son ancienne vie. C’est vrai pour Jamie, qui aimerait bien reprendre sa place en tant que capitaine des Iron Guards mais que Tywin (Charles Dance) voudrait renvoyer gérer le fief Lannister de Castral Rock d’une [unique] main de fer… pour son plus grand désespoir, parce qu’il n’aspire à rien d’autre que de pouvoir être auprès de sa soeur Cersei. Soeur qui lui reproche d’avoir été absent trop longtemps et refuse de le laisser occuper la place qui était sienne avant son départ… une fois encore, pour Jamie, c’est la douche froide, un peu comme sil avait fait exprès de se faire capturer, de foirer son coup en s’évadant, et finalement de tomber entre les mains d’ennemis des Lannister. Et puis pendant qu’on y est, c’est sans doute aussi de sa faute s’il a perdu sa main droite. C’est celààà, oui… !

Joffrey reste fidèle à lui même – un abruti *tousse* – et ne peut s’empêcher de faire remarquer le manque général d’ambition de Jamie. Une fois encore,  il n’y a pas que Tyrion qui en prenne pour son grade avec Joffrey, et entendre ce roi incapable de quoi que ce soit sur un champ de bataille et ignorant d’à peu près tout se permettre de railler des hommes ayant fait leurs preuves est devenu un gros gag récurrent.

Jon Snow doit rendre des comptes après avoir avoir tué Qhorin, qui – malheureusement pour lui – est donc bien mort et ne peut pas appuyer Jon en expliquant que la mission d’infiltration était son idée. Comme à peu près tous les personnages qui rentrent « chez eux », Jon Snow est encore loin d’avoir retrouvé sa place et la confiance de ses frères d’armes…

Pedro Pascal (Oberyn Martell)

Pedro Pascal (Oberyn Martell)

S’il faut chercher de la nouveauté et un personnage qui captive l’attention, il faut regarder du côté du prince Oberyn Martell (Pedro Pascal). C’est le premier « nouveau personnage » de cette quatrième saison, un homme réputé pour avoir couché avec la moitié de Westeros, et qui en plus attise dégoût et convoitise de ses ennemis. Excellente surprise avec  Pedro Pascal (the Good Wife, Red Widow, Graceland…), que je ne connaissais pas vraiment avant et qui incarne avec une justesse assez flippante l’Oberyn Martell décrit dans les livres ! Un nouveau venu qui pourrait rapidement affoler les choses côté Lannister, pour mon plus grand plaisir (mouahaha).

Le second point d’intérêt, c’est le parcours d’Arya et du Hound. Peut-être même encore plus que n’importe quelle autre scène de cet épisode. La scène de l’auberge est absolument parfaite, notamment parce qu’Arya obtient enfin la vengeance pour l’assassinat de sang froid de l’un de ses compagnons. Elle récupère également l’épée minuscule offerte par son frère Robb, et gagne le droit de monter son propre cheval plutôt que de voyager sur les genoux du Hound. Hound qui n’est plus très loin de faire son entrée dans le cercle très fermé des personnages incontournables de Game of Thrones (et également, de mes personnages préférés ^^).

Grosse déception en revanche au niveau des scènes consacrées à Daenerys, que j’ai trouvé moins efficaces par rapport au reste de l’épisode parce qu’il ne s’y passait pas vraiment grand chose. J’ai retrouvé avec grand plaisir des dragons presque adultes (!!) et IMMENSES… mais malheureusement difficilement contrôlables et pas si dociles que ce que Daenerys s’était imaginé, puisque l’un d’eux manque de s’en prendre à elle en sentant qu’elle est trop proche de leur nourriture… Jora (Iain Glenn) lui rappelle qu’ils ne peuvent jamais être totalement apprivoisés… Un comble pour un personnage qui depuis 3 saisons n’a de réelle existence que parce qu’elle est la mère des Dragons. Il y aurait pu y avoir plus de travail sur ces scènes qui apparaissaient du coup comme un peu comme des intermèdes entre des scènes plus importantes.

Rating: ★★★★☆
Avis: Une belle et solide reprise de Game of Thrones pour ce début de saison 4. La difficulté était de pouvoir reprendre le cours de toutes les intrigues ou presque en un épisode, et d’introduire  également de nouveaux éléments susceptibles d’en lancer de nouvelles. Pari réussi, avec en plus un assez bon jeu sur les codes habituels de la série (scènes sanglantes, femmes nues, vulgarité… bref, tout y était). Nikolaj Coster-Waldlau nous propose une fois encore une interprétation parfaite d’un Jamie Lannister qui essaie de retrouver sa place là où on ne l’attend plus du tout depuis longtemps. Les scènes de Jon Snow se révèle un peu moins molles et barbantes que d’habitude grâce à un retour difficile au sein de la Night’s Watch. S’il y a vraiment un personnage qui vole la vedette dans « Two Swords », c’est sans conteste le tandem Arya / the Hound ! Une très belle reprise, suivie par près de 6.6 millions de téléspectateurs aux Etats-Unis.

L’épisode 2 « the Lion and the Rose », c’est ce soir sur HBO et demain dès 20h50 sur OCS City !

Diplômée en Marketing / Communication et en Médiation culturelle, elle est Editrice Web et Geek à temps plein pour Britishg3eks comme dans la vie réelle. Rompue à l’exercice du reviewing et de la traduction dans le domaine du sports entertainment, passionnée de jeu de rôle et de street art, mauvaise guitariste et longboardeuse débutante, elle parcourt l'Europe et arpente villes et festivals un appareil photo à la main.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *