Review: Doctor Who « the Name of the Doctor »

Doctor Who (c) BBC Cymru / Wales

Doctor Who (c) BBC
Matt Smith (the Doctor)

Diffusé pour la première fois en mai 2013, projeté en exclusivité en France au Comic Con Paris en juillet, puis diffusé en ouverture des célébrations du 50ème anniversaire de Doctor Who sur France 4, « the Name of the Doctor » a déjà fait un petit bout de chemin sur les écrans. C’est à l’occasion de cette dernière diffusion que cette review a été réalisée afin d’offrir une belle transition vers l’épisode spécial des 50 ans de la série. 

« The Name of the Doctor » est le series finale de la saison 7, et Doctor Who n’échappe pas à la règle qui veut qu’en fin de saison, un gros happening frustre / (insérez ce que vous voulez) / choque les spectateurs pour les maintenir en haleine et leur donner envie de regarder la suite. Quoi que l’on puisse penser des talents de Steven Moffat en tant que showrunner, on ne peut pas rester indifférent à cette fin de saison. Cette saison 7 avait pourtant eu du mal à démarrer, enchaînant épisodes tantôt moyens, tantôt brillants, et ce n’est véritablement que sur les derniers épisodes de la saison que j’ai pu retrouver ce truc en plus qui me plaisait tant dans Doctor Who et qui m’y maintenait accrochée depuis 2005 là où j’ai décroché de tant de séries qui s’essoufflaient sur la durée.

La saison 7 faisait intervenir un questionnement qui avait longtemps été laissé de côté dans la série. « The Name of the Doctor », ou plus précisément l’identité réelle de ce dernier une fois son titre mis de côté, n’a jamais été révélé jusqu’ici. Pendant toute cette saison, Steven Moffat s’est donc appliqué à semer des indices ne menant pas à grand chose, pas par manque de talent ou d’inventivité de sa part, mais bel et bien pour brouiller les pistes et nous empêcher de deviner quoi que ce soit en avance. Et en fait, le surgissement de cette question tombait plutôt bien, parce que les 50 ans de la série approchaient à grands pas ! Cet épisode, aboutissement nerveux d’une saison menée sur les chapeaux de roues (en bien, mais aussi en mal avec certains épisodes un peu baclés au niveau de leur trame narrative), avec un titre qui sonne comme la promesse d’explorer le coeur de la mythologie de Doctor Who. Ajoutez à ça le mystère entourant depuis le départ le personnage de Clara (Jenna Louise Coleman), que le Doctor croise et re-croise à diverses époques… et meurt. Cet aspect était également important pour moi, et j’attendais de voir ce à quoi Moffat avait pensé pour justifier cette impression de persistence rétinienne quelles que soient les époques que visitait le Doctor. Bref, le programme promettait un épisode grandiose !

L’épisode s’ouvre avec une vision de Clara tombant dans une sorte de vortex. On ne sait pas d’où cela vient, ni ce que cela signifie, mais on sait que cela sera – probablement – explicité au cours de l’épisode. Au niveau du montage, j’ai assez facilement reconnu la pâte de Nick Hurran (It’s a boy girl thing, ou plus récemment à la réalisation de la saison 3 de Sherlock ), qui avait déjà assuré la réalisation sur « Asylum of the Daleks » (saison 7, épisode 1) ou « The Girl who waited » (saison 6, épisode 10) en proposant à chaque fois des épisodes provoquant de grosses montées d’adrénalines, au montage ne laissant que très peu de moments émotionnellement neutres. C’est également – et on vous en reparlera – le réalisateur qui a été retenu pour l’épisode anniversaire « the Day of the Doctor »… le ton est donné.

Alex Kingston (Pr. River Song)

Alex Kingston (River Song)

Cet épisode marque le retour de la Grande Intelligence (Richard E. Grant), qui une fois de plus en a après le Doctor (pour changer). Avec lui, les Whispermen, des créatures jamais vues jusque là, particulièrement effrayantes précisément parce qu’elles ont l’air particulièrement calmes et demeurent silencieuses en toutes circonstances, rappelant un peu les Gentlemen, issus d’un épisode de Buffy the Vampire Slayer. La Grande Intelligence utilise ses sbires pour retrouver les amis du Doctor et met la main sur Vastra (Neve McIntosh), Jenny (Catrin Stewart) et Strax (Dan Starkey) au cours d’une réunion onirique. Clara s’échappe de justesse, de même que River (on reviendra sur son cas un peu plus tard dans cette review). Clara s’empresse donc de délivrer un message au Doctor, précisant que son plus grand secret avait été révélé… Un voyage mouvementé en TARDIS plus tard, le Doctor et Clara s’écrasent sur Trenzalore, planète abritant la tombe du Seigneur du Temps. L’environnement de ce cimetière a quelque chose d’inquiétant, de la même manière que cet immense TARDIS en train de mourir dont les proportions sont fortement altérées…

Le plan de la Grande Intelligence était assez bien réfléchi, parce qu’elle n’aurait pas pu trouver mieux que les amis du Doctor comme appats suffisamment efficaces pour l’attirer au seul endroit où il ne doit pas se rendre, sa tombe sur Trenzalore, l’endroit le plus dangereux pour lui… S’ajoutent à ça la présence de River que le Docteur ne voit pas (ou feint de ne pas voir, plus exactement), la tombe de cette dernière, et tout se met en place au fur et à mesure pour le grand final. La Grande Intelligence obtient qu’on lui ouvre la tombe du Doctor, s’attaque à la ligne de temps contenue dans sa tombe qui fonctionne ici comme une déchirure dans l’espace-temps pour réécrire son histoire et effacer à jamais le Doctor… Sur le papier, c’était un plan parfait, qui ferait même disparaître des gêneurs sauvés par le Seigneur du Temps. Mais c’était sans compter sur Clara…

On en apprend plus sur l’Impossible Girl, qui a maintes fois sauvé le Doctor. On découvre suite à un habile montage d’images tournées pour l’épisode et d’archives faisant intervenir les anciens Doctors que Clara les a tous à peu près rencontrés, et que pour que cela se produise alors que c’est normalement impossible pour une humaine, il ne manquait qu’une seule chose: un bon vieux paradoxe. La jeune fille se jette dans la ligne de temps du Doctor et anéantit ainsi les réécritures opérées par la Grande Intelligence en se fractionnant elle-même dans le flux temporel pour être partout où est le Doctor… et donc le sauver. C’est dans ce genre de configurations que j’aime le plus Moffat, parce que le développement de la relation entre Clara et le Doctor est empreint de mélancolie et en même temps poétique, de la même manière que cette « révélation » du nom du Docteur apparaît rapidement comme un prétexte pour nous montrer que le Doctor se définit d’abord par les relations qu’il entretient avec ceux qui l’entourent.

L’histoire est brillamment servie par le casting récurrent, et tout particulièrement Alex Kingston et Jenna Louise Coleman. J’ai également envie d’ajouter – pour la première fois – Matt Smith à cette liste, qui a enfin réussi à cerner son Onzième Doctor et à lui donner une personnalité propre, même s’il est dommage de voir l’acteur trouver son rythme et véritablement incarner son personnage sans singer son prédécesseur David Tennant dans les 2 derniers épisodes de la saison… J’aurais vraiment voulu que cela se produise plus tôt, parce que là pour le coup, j’ai envie d’en voir davantage tout en sachant que ce n’est pas possible parce que le prochain Doctor arrivera dans l’épisode spécial de Noël !

Je n’oublierais pas non plus de conclure sur le cliffhanger de fin d’épisode, avec l’annonce de John Hurt dans le rôle du Doctor et tout ce que cela a pu avoir de perturbant à un moment où l’on savait que Matt Smith allait devoir laisser sa place dans le rôle titre, mais que l’on ne savait encore rien de l’identité de son successeur… Les spéculations ont été nombreuses jusque début aout, mais c’est au final l’acteur écossais Peter Capaldi qui prendra les commandes du TARDIS. Ce qui a donné naissance à de nombreuses autres spéculations sur le personnage incarné par John Hurt et qui laisse un nombre incroyable de possibilités concernant l’épisode spécial du 50ème anniversaire.

Rating: ★★★★½
Avis: Une fin de saison magistrale, servie par un casting à la hauteur, une intrigue prenante qui amène à se poser cinquante mille questions sur ce qui viendra ensuite, et une réalisation nerveuse et angoissante à la fois. Cet épisode m’a laissée fébrile au troisième visionnage comme après le tout premier, lorsque je ne connaissais rien du contenu de « the Name of the Doctor ». A la fois complet dans son intrigue et incomplet du point de vue des révélations, c’était pour moi LE meilleur épisode de la saison 7 de Doctor Who.

Diplômée d’une Licence d’Espagnol, elle travaille actuellement dans pour une grande chaîne de magasins distribuant quantité de DVD à des prix ne défiant pas toute concurrence. Au fait des dernières nouveautés et de ce qui se vend le mieux dans son secteur, elle est également capable d’échanger pendant des heures pour peu qu’on la lance sur le sujet…