Review: Comic Con episode IV: a fan’s Hope

Comic Con episode IV: a fan's Hope

Comic Con episode IV: a fan’s Hope
Réalisé par Morgan Spurlock (2012)

A l’occasion de la cinquième saison du Comic Con français, nous avons pu assister à la projection en avant-première en France du documentaire Comic Con episode IV: a fan’s Hope, réalisé par Morgan Spurlock, un réalisateur que l’on connaît entre autres pour Super Size Me, pour lequel il n’avait pas hésité à donner de sa personne et à prendre plusieurs dizaines de kilos pour appuyer le propos de son documentaire.

Après l’obsession de la nourriture en abondance, Comic Con episode IV: a fan’s Hope capitalise sur une exception culturelle américaine. J’avais vu Super Size Me et j’avais assez moyennement accroché à la manière dont les informations étaient transmises et racontées au spectateur ainsi que cette manière de simplement montrer les choses sans aller au bout ou s’engager d’une quelconque manière. Comic Con episode IV: a fan’s Hope est un documentaire réalisé par Morgan Spurlock centré sur l’édition 2010 du Comic Con de San Diego, et de manière plus large, sur la remontée de la culture populaire si longtemps dénigrée.

Sans verser dans les clichés ou céder à la tentation très en vogue de présenter tous ces « geeks » comme des gens bizarres et difficiles à suivre, Morgan Spurlock nous livre un portrait affectueux de cette communauté composée d’adeptes de la pop-culture qui ne manqueraient sous aucun prétexte leur rendez-vous annuel du Comic Con de San Diego, sorte de Mecque geek par excellence à laquelle tout bon fan se doit de mettre les pieds pour assister aux pannels sur séries / jeux / comics qu’il affectionne. Un lieu de pèlerinage où il n’est pas complètement incongru de rencontrer des cosplayeurs déguisés en Wookie, en soldat de SG-1 ou en Super Mario (ce que vous avez déjà pu voir à moindre échelle à travers nos photos de la 5ème édition du Comic Con français), et de voir tous ces personnages côte à côte dans d’interminables files d’attente permettant d’accéder à un panel en particulier en vue d’apercevoir leur acteur / réalisateur favori, d’obtenir un autographe ou même – parce que ça arrive d’échanger quelques mots avec lui.

Cependant, même si tous ces aspects sont dépeints avec détails et justesse, cela ne permettra sans doute pas à ceux qui ont une image négative de cette culture populaire de continuer à la dénigrer faute de la comprendre, même si Morgan Spurlock et son film font ce qu’ils peuvent pour en proposer une vision la plus compréhensible possible et expliquer pourquoi elle existe et comment elle continue de se développer et de conquérir de nouveaux fans. Comic Con episode IV: a fan’s Hope s’attache plus particulièrement à un groupe de fans à la composition assez hétéroclite, deux artistes en herbe qui sont là pour rencontrer des éditeurs et souhaitent débuter une carrière dans la bande dessinée; un couple geek (et trop mignon) qui s’est rencontré lors de l’édition précédente, et enfin un groupe de cosplayeurs amateurs qui espèrent bien gagner le concours organisé chaque année. Autre originalité: les personnes qui apparaissent régulièrement dans le documentaire sont présentées de la même manière que des personnages de bande dessinée, avec à chaque fois un surnom associé: « the geek », « the dreamer »… Le documentaire est également ponctué d’interviews de célébrités plus ou moins étiquetées « geek » comme notamment Kevin Smith (Dogma, Comic Book Men…), Seth Green (How I met your Mother, Grey’s Anatomy, Mad…), Joss Whedon (Buffy the Vampire slayer, Firefly, Dollhouse), Guillermo Del Toro (Hellboy, le Labyrinthe de Pan…) et également Stan Lee himself, le « dieu blogueur » qu’on ne présente plus !

Le résultat est assez agréable à regarder mais on ne peut pas réellement parler de documentaire à proprement parler puisqu’au final, Morgan Spurlock n’a pas grand chose à dire sur le sujet et se contente de nous montrer une suite de situations et de personnages. Plusieurs fois, je me suis demandé si un propos quelconque était à saisir… et je suis restée sur cette impression de saynètes enchaînées comme une succession de clin d’oeils sympas à faire à tel ou tel univers. Pour résumer: les cultures populaires existent, les festivaliers sont gentils, les exposants sont accueillants et fantastiques, les invités sont encore plus fantastiques que tous les gens les plus fantastiques réunis (et j’exagère à peine) et le phénomène prend chaque année un peu plus d’ampleur. Pour moi, il manquait vraiment un propos, une thèse, ou n’importe quoi qui puisse être défendu et argumenté.

J’ai en revanche trouvé assez touchant le moment où apparaît un homme venu vendre un comics collector – le numéro 1 de Red Raven, estimé à 500.000 dollars du fait de sa rareté – dans l’espoir d’éponger ses dettes. C’est à peu près le seul moment où l’on sent un semblant d’opinion de la part du réalisateur, lorsque le revendeur de la bande dessinée se plaint que le Comic Con ne soit plus essentiellement dédié aux comics et de la tragique baisse des ventes qui s’en est suivie. Mais le sujet ne sera pas davantage creusé, on reste une nouvelle fois sur une constatation.

Le documentaire s’avère assez drôle, davantage grâce aux situations crées par les fans ou aux anecdotes livrées par les célébrités que grâce à quelque chose de complètement calculé. Il n’y a également aucune tentative de débat sur la montée de la culture geek ou sur le Comic Con dans un sens plus large. Il existe, est un évènement médiatique énorme… et point barre. On s’arrête là, on ne va pas plus loin. Et on n’essaie surtout pas d’analyser le phénomène.

Ce que j’ai apprécié en revanche, c’est de ne pas voir diabolisée une culture dans laquelle beaucoup de gens – moi comprise – baignent, et de ne pas la voir jugée par des gens qui n’y comprennent rien faute de s’y intéresser ou d’essayer de la comprendre. La moquerie aurait été très facile, mais Spurlock s’en est abstenu, et le résultat final en est presque désarmant tant il est mignon – et c’était pour le coup tout à fait approprié. Le monde geek est réputé pour être assez calme même si parfois quelques agitateurs se plaisent à mettre le feu aux poudres (notamment quelques enragé(e)s qui pensent tout savoir mieux que tout le monde); mais malgré tout il s’anime parfois comme un seul homme pour soutenir quelque chose qui lui est cher. On vous a déjà parlé il y a quelques semaines de la fin brutale de Firefly pour laquelle les fans s’étaient mobilisés (et le sont toujours plus de 10 ans plus tard !), on pourrait également vous parler du départ de Cote de Pablo de la série NCIS ou de beaucoup d’autres exemples: lorsque l’on touche à un fandom et que le résultat ne plaît pas, le monde geek s’embrase. Si cet aspect n’est que peu évoqué dans le documentaire, c’est parce que

Rating: ★★★½☆
Avis: Comic Con episode IV: a fan’s Hope est un documentaire mignon et amusant, dans lequel on se laisse très rapidement embarquer. Par contre, le montage et l’absence de ne serait-ce qu’un début de propos ou d’analyse font que ce documentaire s’oublie assez facilement (j’ai du le revoir deux fois avant d’être capable d’écrire quelque chose dessus) parce qu’il n’apporte rien de nouveau et ne fait que nous laisser admirer des choses que – pour la plupart des festivaliers – nous connaissons déjà. Ce que je pourrais lui reprocher également, c’est de ne pas avoir proposé suffisamment d’éléments pour toucher également un public qui ne connaîtrait pas du tout le Comic Con ou le folklore qui s’y rattache… C’était l’occasion, et à mon sens c’est vraiment un gros manque. Cela dit, cette absence d’engagement nous invite à tirer nos propres conclusions, mais avec malgré tout assez peu d’éléments à disposition et une grande superficialité.

Originaire de Livingston au Royaume-Uni, elle est diplômée d’un Bachelor degree en Communication et d’un Master de Commerce obtenu en France. Assistante de production dans un laboratoire audiovisuel britannique le jour, elle consacre la plupart de ses nuits au visionnage de séries et films en tous genres et s'est mis en tête de voir tous les Musical présentés à West End.

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